Liège est riche de sa diversité. Comme beaucoup d’autres villes, elle a accueilli des femmes et des hommes d’origines multiples venus chercher survie, liberté, travail, savoirs, échanges…une vie meilleure. Elle est devenue le lieu d’un extraordinaire brassage ethnique et culturel. C’est avec cette diversité que doit s’inventer la citoyenneté de demain !
Hélas, qui dit relations sociales dit inévitablement conflits, compétitions, et peurs qui peuvent mener à des pratiques inégalitaires et discriminatoires. La Ville constitue néanmoins le lieu privilégié de lutte contre ces pratiques. C’est le pouvoir communal, par définition proche des habitants, qui connaît le mieux la réalité du terrain associatif et peut agir, mobiliser les énergies vers un mieux vivre ensemble. Il se doit donc d’encourager une vie culturelle critique et participative, qui stimule les questionnements de chacun, sa compréhension de l’autre, encourage la création de liens et l’émergence d’une vie collective.
À cet égard, nous constatons qu’à Liège, de très nombreuses associations font un travail merveilleux d’accompagnement des familles et des enfants dans leur processus d’insertion culturelle, socio-professionnelle, linguistique, démocratique et autres. Que dans certains quartiers, la vitalité des échanges interculturels est particulièrement porteuse, se traduisant par des projets fructueux en termes de brassage culturel, de rencontres et de solidarité.
Chez VEGA, forts de ces magnifiques exemples, nous pensons que la dynamique participative est un des meilleurs biais pour que chacun s’implique dans la vie collective, aille à la rencontre de l’autre et investisse au mieux tous les pans de la ville, politique, économique, social, culturel et relationnel. Que l’apprentissage de la vie commune, de la citoyenneté ne se fait qu’à travers le temps, des efforts de rencontres, des processus de différentiation, de déconstruction et de réflexion commune, d’obstacles et de communication. A travers des espaces de rencontres et de dialogue capables de faire tomber les préjugés et de briser les cloisonnements et replis communautaires.
Aussi, pour encourager cette diversité culturelle constructive et harmonieuse, VEGA souhaite :
- Soutenir les centres d’alphabétisation et les écoles de devoirs, en répertoriant toutes les initiatives existantes pour les coordonner au mieux, afin de valoriser les divers modes d’apprentissage et d’améliorer qualitativement ces enseignements ; en leur fournissant notamment des outils adéquats, nécessaires à leur développement (proposition de formations, manuels…).
- Plus spécifiquement dans le but de faciliter l’insertion professionnelle, organiser de nouvelles formations d’apprentissage du français adaptées aux migrants dans l’Enseignement communal de Promotion Sociale.
- En deçà de l’apprentissage du Français, proposer aux primo arrivants le recours à l’interprétariat social afin de les accompagner dans leurs premières démarches administratives, leur délivrer des informations essentielles et le cas échéant, traiter des situations de chocs culturels.
- Encourager les bibliothèques communales dans leur rôle d’accompagnement des migrants : proposer des livres et des séances de lecture dans toutes les langues, organiser pour tous les enfants des séances de contes d’autres pays, lus par les migrants de ces mêmes pays.
- Mieux sensibiliser les acteurs de l’intervention sociale, notamment les personnels administratif et policier, au Dialogue interculturel et aux questions spécifiques à l’interculturalité. Nous prenons comme modèle le travail qu’exécute le CBAI à Bruxelles (Centre Bruxellois d’Action Interculturelle). Cette formation continue doit viser l’égalité des chances et la lutte contre les discriminations.
- Encourager la formation de médiateurs de quartier au Dialogue interculturel sur des problèmes concrets du quotidien : tous problèmes pouvant être rencontrés dans les écoles, les maisons de repos, les administrations, les centres hospitaliers, le CPAS, etc. Avec l’ambition d’accompagner chacun au mieux en fonction de ses besoins (avec une attention particulière pour les personnes précarisées et les personnes âgées), en luttant contre tous les processus de discriminations, ferments négatifs de repliement et d’exclusion.
- Mettre sur pied un service de médiation interculturelle, complémentaire au service de médiation communale, qui serait à la disposition des particuliers, des associations, des agents communaux, des CPAS, qui pourrait également traiter certains différends en orientant les plaignants vers des services adéquats.
- Créer un « Point de signalement local » qui recueillerait et traiterait les plaintes portant sur des discriminations. Un tel service devrait aussi impulser et coordonner des actions de sensibilisation à la discrimination et de promotion du dialogue interculturel.
- Créer dans chaque quartier des centres de coordination — sur le modèle du collectif Autour de l’étang à Droixhe-Bressoux — des différentes associations et structures publiques de proximité qui tissent cette interculturalité (maisons de santé, Maisons des Jeunes, Relais de l’Emploi, écoles, Services sociaux aux étrangers, commissariats…). Pour coordonner au mieux des événements de quartier, mais aussi des espaces d’expression, d’échanges, d’informations et de formations, susceptibles de favoriser de véritables « identités de quartiers » autour d’énergies et de projets communs.
Ainsi, la mise sur pied d’activités festives (d’un Carnaval, d’un festival…), l’organisation de réflexions communes sur des problématiques de quartier (aménagement, etc) ou de société (Semaines autour de la journée de la Femme, etc) constituent autant de laboratoires de ce riche « bricolage interculturel » et attirent le public des autres quartiers, favorisant encore d’avantage la mixité culturelle !
- Lutter contre les freins à la formation et à l’accès culturel. En facilitant l’accès à ces activités par la mise en place de garderies et/ou d’écoles de devoirs pour les enfants (espaces féconds de rencontres interculturelles autour de l’éducation) ; en soutenant les milieux d’accueil « atypiques » tels que l’asbl La Bobine — exemplaire à ce titre — qui développent avec les familles des projets participatifs de soutien à la parentalité, au bien-être et à la gestion de la diversité ; en diffusant pour tous les facilités offertes par l’article 27.
- Sur le modèle d’un Musée des Migrations (idée qui avait été proposée en Belgique en 2005), imaginer des expositions ou des initiatives culturelles mettant en valeur les migrations à Liège, leurs histoires et leurs apports positifs.
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Les commentaires postés par les internautes
Valoriser et soutenir la diversité culturelle
Par. 2 : processus d’insertion culturelle, socio-professionnelle, linguistique, démocratique et autres
Par. 3 : pour que chacun s’implique dans la vie collective, aille à la rencontre de l’autre et investisse au mieux tous les pans de la ville, politique, économique, social, culturel et relationnel
Le politique, le social, le culturel et le relationnel sont-ils des lieux où l’investissement doit être possible aussi ? Sont-ils des lieux qui favorisent l’activité économique - au sens marchand comme non marchand du terme ? Le terme socio-professionnel utilisé pour parler du travail des associations est idéologiquement connoté. Il semble indiquer que seul l’emploi (ou la formation professionnelle) permet l’insertion sociale. Peut-on soutenir que ce n’est pas le cas ? Qu’il est des participations ou des contributions sociales ou économiques (au sens large du terme) qui ne sont pas professionnelles ? Cela me paraît d’autant plus important de mettre en avant la richesse de ces contributions que le marché de l’emploi (lieu de l’insertion socio-professionnelle) déconne autant que les autres marchés, si pas plus. On y maintient artificiellement une offre rare (absence de contrôle de l’emploi caché, délocalisations, etc.) afin de justifier un travail absurde sur la demande et les demandeurs (plan d’activation, formations, etc.)