La Coopérative politique VEGA a pris connaissance des remarques particulièrement circonstanciées et nombreuses qui ont été produites par les riverains dans le cadre de la demande de permis introduite par la société MATEXI pour un projet de 74 logements sur le site de la Chartreuse.
Rappelons d’abord — car il ne semble pas que cela soit parfaitement clair pour tout le monde — que le site de la Chartreuse est composé de deux parties principales : le parc des Oblats, d’une part, classé en zone de parc et zone d’espace vert, et propriété de la Ville de Liège ; le fort de la Chartreuse et ses abords, d’autre part, classé en « zone d’aménagement communal concerté » (ZACC). Seule cette seconde partie du site est susceptible d’être urbanisée, à la suite de l’approbation d’un Rapport urbanistique et environnemental (RUE) par le Conseil communal du mois de novembre 2008.
Les remarques introduites, notamment par Un air de Chartreuse et par l’ASBL La Chartreuse, soulignent des problèmes sérieux dans le projet déposé par MATEXI et plus largement dans les perspectives de développement du site. Nous relevons notamment les éléments et questionnements suivants.
- Le site dans son ensemble a été inscrit par la Région wallonne, à l’Inventaire du Patrimoine Immobilier Culturel (IPIC). La Commission royale des monuments sites et fouilles a par la suite remis un avis négatif au sujet d’une précédente demande de permis déposée par le promoteur pour seulement 22 logements. En quoi le présent projet protège-il, le cas échéant, mieux que le précédent l’intégrité du site ?
- La présence sur le site d’une biodiversité très riche qui a amené la Région wallonne à classer les lieux comme Site de Grand Intérêt Biologique (SGIB). Dans quelle mesure ce classement est-il compatible avec l’urbanisation du site ?
- De nombreuses approximations et erreurs dans les documents déposés par MATEXI, allant jusqu’à présenter une extension future du projet sur une zone verte au plan de secteur (ce qui est totalement impossible). On note aussi une vue 3D présentant les ombres portées du Nord vers le Sud.... ce qui aurait probablement induit les habitants (qui vont subir l’ombrage) en erreur si le mouvement citoyen ne l’avait pas relevée. Au vu de ces éléments, dans quelle mesure peut-on faire confiance à la fiabilité du promoteur ?
- On relève encore l’absence de solution crédible pour assurer la mobilité des nouveaux habitants (potentiellement un millier si les 400 logements envisagés sur l’ensemble du site sont finalement construits) à travers le quartier de Bressoux-Haut et ses voiries étroites. Quelles sont les solutions de mobilité susceptibles de résoudre ce problème ?
- La situation d’abandon du fort de la Chartreuse, qui laisse penser que l’intention du propriétaire (Immo Chartreuse) est de le laisser délibérément se dégrader au point qu’il ne sera plus possible de le réhabiliter. L’autorité publique va-t-elle laisser cette situation perdurer encore longtemps ?
Pour autant, nous ne perdons pas de vue que, en dépit des dénégations de certains membres du Collège communal, la dynamique d’exode urbain se poursuit à Liège et qu’on sait à quel point elle est délétère pour le dynamisme de la Ville, pour le financement de ses services publics ou pour la qualité de vie de ses habitants (qui subissent tous les jours la pression automobile induite par ce phénomène). Nous sommes donc convaincus de la nécessité de construire de nouveaux logements, notamment à destination des familles, dans le milieu urbain, et de densifier celui-ci d’une manière compatible avec la qualité de vie des habitants.
Nous ne nous opposons dès lors pas par principe à la construction de logements neufs sur la ZACC de la Chartreuse. Mais nous sommes convaincus que les questions soulevées par les habitants doivent trouver des réponses consistantes avant qu’un permis ne soit attribué à MATEXI.
En conséquence :
- Nous demandons qu’un dialogue soit ouvert avec les différentes associations intéressées par le devenir du site afin que, au minimum, des réponses substantielles puissent être apportées aux interrogations légitimes qu’elles soulèvent.
- Nous insistons plus spécifiquement sur la nécessité de mesures de mobilité très volontaristes pour l’ensemble des quartiers de la rive droite, qui sont en train d’étouffer en raison de la saturation de leurs principaux axes de communication (notamment la N3 et les quais de la Dérivation). Ces mesures doivent viser à un report modal significatif vers le transport public et les modes doux.
- Nous appelons le bourgmestre, comme le prescrit le Règlement sur les Bâtisses et Logements de la Ville de Liège, à exiger du propriétaire du fort de la Chartreuse qu’il fasse procéder aux travaux de préservation des bâtiments (mise hors eau et renforcement s’il y a lieu). À défaut d’une réponse rapide, nous demandons au bourgmestre de faire procéder à ces travaux aux frais du propriétaire, afin d’éviter de se mettre lui-même en défaut.
Nous soulignons enfin, car cela n’est manifestement pas évident aux yeux de tout le monde, que c’est une chance énorme, pour une ville, que ses citoyens se mobilisent pour intervenir dans les procédures d’urbanisme. Par les remarques parfois très avisées qu’ils formulent, par l’attention qu’ils portent aux détails et la connaissance qu’ils ont de la situation de terrain, ces citoyens impliqués concourent à la production d’un urbanisme de meilleure qualité que celui qui prévaudrait s’ils étaient restés passifs. Nous appelons tous les intervenants, et particulièrement les responsables politiques de gauche, à interagir avec cette implication citoyenne avec respect et considération.
François Schreuer
Conseiller communal de la Ville de Liège
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Les commentaires postés par les internautes
Urbanisation du site de la Chartreuse : il faut ouvrir le dialogue
Bonjour
Non le fort n’est pas classé comme monument !
La zone couverte par la phase I du projet Matexi ne présente aucun intérêt biologique. C’est probablement l’ensemble du site qui est repris par la RW en SGIB encore que cette appréciation me laisse perplexe... Pour information, la Ville de Liège a commandé à Education-Environnement une étude de cet intérêt biologique et des mesures de gestion à conserver ou améliorer cette biodiversité. Il faudrait s’adresser à la Cellule Environnement de la Ville de Liège pour en avoir copie.
Les problèmes de circulation sont déjà réels. Il faudrait à tout le moins aménager le carrefour rue des Fusillés, RN3, rue des Fortifications...
Démolition de l’ex-dentisterie à Bavière - Stupidité
Les décideurs se comportent en "nouveaux riches" bling-bling et sans culture.
Ils ne connaissent pas le Wils à Forest-Bruxelles. Ni les activités qui s’y déroulent.
Ils ignorent le Rockerill à Charleroi, et le succès formidable de cette ’ASBL.
Ni un tas d’autres exemples de récupération réussies de solides constructions industrielles, collectives, art nouveau, populaires.
Ils n’ont gardé aucune leçon de la lamentable destruction en 1988, du magnifique bâtiment de la Maternité Reine Astrid, en plein centre de Charleroi, ou de la Maison du Peuple à Bruxelles...Etc.
Pour nos décideurs, le respect pour l’architecture ancienne s’arrête à la fermette rénovée.
Aucune regard, aucune créativité, aucune audace, on fout tout par terre.
Pour le plus grand profit de qui ?
E.S.