Les négociations avec le groupe Mittal battent leur plein. Le groupe n’a cédé sur absolument rien et l’arrogance de ses dirigeants est absolue. Même s’il convient d’être prudent, selon les informations dont nous disposons, la Région qui a renoncé à s’opposer au démantèlement de l’outil (notamment en n’activant pas un mécanisme d’expropriation alors que la stratégie de terre brulée de Mittal est limpide), s’apprêterait aujourd’hui à valider la revente de la cokerie au groupe Oxbow Mining, à plaider au niveau européen pour que soit prolongé le permis d’exploiter de celle-ci (jusque 2042) et même y affecter des fonds publics. L’avenir de la cokerie est en tout cas le point 18, des 34 sur la table des négociations sur le volet industriel. Alors que le ministre Philippe Henry a publiquement avoué que les normes de pollution (déjà très insuffisantes pour une cokerie en milieu quasi urbain) avaient été régulièrement dépassées sans sanction des autorités ces dernières années, alors que l’outil mal entretenu nécessiterait d’importants travaux de mise aux normes, c’est la santé des riverains que l’on risque à nouveau de brader.
Même s’il est important de faire le maximum pour sauver l’emploi, jouer avec la santé de milliers de personnes n’est pas acceptable. Rappelons qu’une étude menée en 2008 et 2009 par l’Institut Scientifique de Service Public (ISSeP) pour compte de l’Agence Wallonne Air-Climat a montré des taux de pollution inquiétants au benzo(a)pyrène (BaP), un hydrocarbure aromatique polycyclique très hautement cancérigène. Les normes européennes fixent un maximum de 1 nanogramme par m3. À Sclessin, on en mesurait une moyenne de 7,51 nanogrammes par m3 en été et de 4,86 en hiver. Certains pics y grimpaient à 108 nanogrammes ! Les taux de particules fines sont également inquiétants. Or, une exposition chronique à celles-ci a des effets importants prouvés : asthme, bronchites, atteintes au système cardio-vasculaire. Selon les études, l’espérance de vie peut en être diminuée de 1 à 18 mois. Une étude française de l’Institut National de Veille Sanitaire (INVS) en 2008 a montré que le risque de décès par mortalité cardio-vasculaire augmentait de 2,2 % le jour d’un pic particulaire, soit dès qu’il y a 10 microgrammes par m3 en plus que d’habitude.
Au-delà de cet aspect, en acceptant la revente de cet outil, la Région va en outre se défaire d’un des derniers moyens de pression sur le groupe Mittal dont elle dispose, à savoir le coût de la dépollution. Les garanties de mise aux normes qu’annonce le repreneur semblent largement insuffisantes. L’idée émise de brûler dans le four (un outil usé et présentant des fissures appelé à produire du coke de basse qualité) des terres polluées est également très inquiétante.
Tout en témoignant du respect pour le difficile travail mené par les organisations syndicales, tout en saluant les efforts des très rares membres du Gouvernement wallon qui, totalement lâchés par le Fédéral, continuent de se battre pour que subsiste une sidérurgie à Liège, pour VEGA, il est sans doute souhaitable de changer de stratégie. C’est pour la première fois plus de la moitié des travailleurs restants dont l’emploi est appelé à disparaître (grosso modo 1300 sur 2100) et le recours aux prépensions ne suffira pas à éponger cette dernière casse sociale. Concernant le volet social, il semble clair que Mittal ne cèdera sur rien. Sauf revirement, il restera à peine 840 emplois directs dans la sidérurgie et 5 lignes production dans le froid. Devrons-nous attendre qu’il ne reste rien pour changer notre stratégie ? Négocier avec Arcelor puis Mittal n’a rien apporté. Comment croire que les engagements repris dans l’accord actuellement négocié (volume d’expédition minimal garanti ; non démantèlement des lignes HP3 et 4, Galva IV, Décaperie I et TLB ; fonds de revitalisation ; aval de l’aval ... ) seront respectés alors que Mittal n’a eu de cesse de bafouer les précédents ?
Tout en comprenant parfaitement combien au cœur d’un tel séisme, chaque emploi compte (la cokerie c’est environ 190 emplois aujourd’hui), nous appelons la Région et les forces syndicales à ne pas céder à Mittal, pour la santé des riverains de Seraing et alentours mais aussi par choix stratégique. Il nous semble utile d’envisager la stratégie suivante : ne pas laisser Mittal se débarrasser de la cokerie (ce qui en outre est le signe que ce groupe ne compte plus sur une sidérurgie intégrée à Liège) et s’appuyer sur le droit pour lui imposer de respecter les normes environnementales. Il nous semble également essentiel que l’argent public qui sera investi ne constitue pas un nouveau transfert public-privé et favorise clairement l’ancrage local d’activités sidérurgiques de haute technologie, peu polluantes et non délocalisables, et ce dans des structures dont le secteur public a le contrôle.
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Les commentaires postés par les internautes
Cockerie de Seraing : VEGA refuse de voir bradée la santé de dizaines de milliers de riverains
Je retiens principalement que ce site serait le seul sauvé dans le bassin.
Mais l’apsect envirennemental m’interpelle aussi.
Restons vigilant.
Cokerie de Seraing : VEGA refuse de voir bradée la santé de dizaines de milliers de riverains
Bien dit, bien dit, bien dit
Cokerie de Seraing : VEGA refuse de voir bradée la santé de dizaines de milliers de riverains
Bonjour,
Merci pour ce communiqué.
Pouvez-vous m’informer sur la référence exacte de l’étude de l’ISSeP et son accès ? Je ne la trouve pas sur le site de l’ISSeP qui ne semble pas être très à jour.
D’avance merci
Cokerie de Seraing : VEGA refuse de voir bradée la santé de dizaines de milliers de riverains
Usine à cancer , oui j’ai travailler sur ce site et comptemps de ne plus y travailler car la santé na pas de prix .
Cokerie de Seraing : VEGA refuse de voir bradée la santé de dizaines de milliers de riverains
J’habite en face et je traine chaque année un peu plus des bronchites en longueur... je suis scandalisé que ce sujet ne soit jamais amené sur le tapis. Il y a quand même bien d’autres façons de générer de l’activite qu’en laissant les gens respirer des produits dangereux.On n’a pas le chois de respirer ce qu’on veut
Le premier droit de l’homme devrait être le droit a un air sain !
P.S. si ces taux sont en infraction avec des normes de santé minimales, y a t il quelqu’un qui puisse PORTER PLAINTE contre les autorités ? Pour mise en danger de la santé des citoyens ?
merci
Cokerie de Seraing : VEGA refuse de voir bradée la santé de dizaines de milliers de riverains
Bonjour,
j’ai porté plainte à la DPE (police de l’environnement) Ils m’ont répondu qu’ils prenaient acte, que des plaintes étaient déjà au parquet de Liège.
J’ai tjs cette lettre. Si vous voulez la voir elle est à votre disposition.
J’habite Mons lez Liège donc sur les hauteurs de Flémalle, je suis, principalement la nuit, incommodé par ces polluants effectivement très nocifs pour la santé et ma santé en souffre également. Que faire sinon créé une association pour porter cela en justice, je suis preneur si nous sommes beaucoup car un avocat coûte très cher. VEGA dont je suis membre pourrait organiser cela ? DOM
Cokerie de Seraing : VEGA refuse de voir bradée la santé de dizaines de milliers de riverains
bjr, j’ai eu l’occasion de me renseigner sur ce benzo a pyrène qu’il serait "normal" de respirer a Sclessin et environs... voir fichier en lien... je vois pas pire franchement... cancerogene , mutagène, etc etc amusez vous bonne lecture. fichier fourni par l’OMS... Merci au fait d’avoir alerté la police de l’environnement, si une association se crée, je suis preneur sans soucis en souhaitant qu’il y ait du monde
http://monographs.iarc.fr/ENG/Monographs/vol100F/mono100F-14.pdf