Après la discussion générale qui a eu lieu ce lundi soir au Conseil communal de Liège au sujet du budget 2014, la séance de ce mardi 26 novembre sera consacrée à la discussion plus détaillées de chacun des budgets.
Dans ce cadre, VEGA défendra quatre amendements, que vous avons le plaisir de vous communiquer. Ces quatre amendements n’épuisent évidemment pas les remarques que nous avons à formuler sur le projet de budget défendu par la majorité. Ils visent simplement à montrer que, même sans le cadre étriqué dans lequel les communes doivent aujourd’hui travailler (nous n’exonérons en aucune manières la lourde responsabilité des niveaux de pouvoir dans la situation actuelle des communes), d’autres choix sont possibles, allant dans le sens d’une priorité beaucoup plus grande donnée notamment au social, au logement, à la qualité de vie dans les quartiers et à l’anticipation des enjeux énergétiques qui deviendront demain ingérables s’ils ne sont pas pris à bras-le-corps dès à présent.
Au budget ordinaire
1. Dépenses de transferts : réduction de 2,5 millions d’euros de la dotation à la police (ce montant équivaut au report d’une année d’un des deux commissariats prévus sur 2014) et augmentation d’un même montant de la dotation au CPAS, conformément à notre programme. Il ne s’agit évidemment pas pour nous de remettre en cause l’utilité de la police ni le droit des policiers — comme de tout le personnel communal — à de bonne conditions de travail. Nous constatons par contre que la police est bien financée et a vu sa dotation augmenter de façon importante au cours des dernières années (la dotation de la Ville à sa police, par habitant, est ni plus ni moins la plus élevée du pays) tandis que le CPAS est en train de craquer de toutes parts et va devoir faire face d’ici une année, à un afflux de demandes consécutives à la « falaise sociale » instaurée par le gouvernement fédéral, avec la limitation dans le temps des allocations que reçoivent certaines catégories de chômeurs. Cette échéance doit être préparée dès à présent.
2. Augmentation de l’IPP de 8 % à 8,5 % (soit environ la moyenne régionale). Cette mesure permet une recette supplémentaire directe estimée de 2,8 millions d’euros ; mais aussi des recettes indirectes liées à la revalorisation du fonds des communes (d’un montant inconnu, le directeur financier n’ayant pas répondu à notre demande de précision en ce sens). Ces montants devraient selon nous être consacrés à :
- Une baisse de la taxe sur la délivrance de documents administratifs : 300.000 EUR.
- Création d’un bureau des statistiques, également chargé de la politique de l’Open data (accessibilité des données publiques pour les citoyens) : 150.000 EUR. Comme nous l’avons expliqué hier, Liège souffre à notre sens d’une mauvaise connaissance d’un certain nombre de phénomènes sociaux à l’échelle de la ville morphologique (l’agglomération physique). Cette situation explique en partie la difficulté qu’il y a à faire reconnaître — au niveau régional ou au niveau fédéral — la réalité urbaine liégeoise. Nous notons que la Région de Bruxelles-Capitale a quant à elle mis en place divers outils pour documenter sa situation, et que ce travail porte aujourd’hui ses fruits. Nous notons encore que, face à une série d’indicateurs divergents (stagnation de la population, augmentation de l’IPP, poursuite des constructions, solde migratoire positif, etc), les autorités communales sont aujourd’hui incapables de donner une interprétation fiable de la situation — et par conséquent de prendre des mesures adéquates. Ce bureau des statistiques devrait permettre d’y voir un peu plus clair.
- L’augmentation des crédits dévolus aux aménagements cyclables : 300.000 EUR. Le plan Wallonie cyclable, s’il constitue une avancée indéniable, reste à nos yeux quantitativement ET qualitativement très insuffisant pour rendre la ville cyclable pour tous les usagers.
- Des mesures en faveur de la mobilité piétonne et notamment des PMR : 350.000 euros.
- Diverses mesures en faveur de l’accélération des itinéraires de bus sur les voiries communales (sites propres, priorisation aux feux, etc) : 200.000 EUR.
- Parcs publics : achat du site « Palmolive », dans le Longdoz (cf. notre question écrite du 17 mai dernier), et mise en œuvre de nouveaux projets de parcs publics dans les quartiers, notamment à Jupille et Grivegnée-Bas : 1,5 millions d’euros (+ le gain obtenu au niveau du fonds des communes).
3. Création d’un additionnel au précompte mobilier, parce qu’il est injuste que la fiscalité communale porte principalement sur les revenus du travail et ne touche en aucune manière les revenus du capital financier. Recette escomptée : 5 millions d’euros. Cette somme sera intégralement consacrée (via un transfert vers le budget extraordinaire) à la dotation en capital d’une régie publique des énergies (cf. notre interpellation du 26 septembre 2013), qui sera chargée de l’isolation des bâtiments communaux et de la mise en place d’outils de production d’énergie verte, visant à rendre la Ville et ses habitants moins dépendants aux énergie fossiles et à garantir à terme le droit de tous à l’énergie. Par la suite, cette régie des énergies permettra à la ville de gagner chaque année des centaines de milliers d’euros.
Au budget extraordinaire
4. Nous demandons l’abandon des crédits consacrés à l’« éco-quartier » de Coronmeuse (2,2 millions d’euros). En effet, ce projet nous semble avoir perdu sa raison d’être avec l’échec de la candidature de « Liège 2017 ». Nous ne souhaitons pas la privatisation de plusieurs hectares d’espace public extrêmement bien situé. Nous souhaitons le maintien sur le site du CIMC (cf. question orale du 24 juin dernier). Nous dénonçons le camouflage, sous le vocable à la mode d’éco-quartier, d’un projet de promotion immobilière assez douteux puisque ne comprenant aucun logement social, privatisant l’espace public et éjectant sans état d’âmes une institution d’accueil de l’enfance.
Nous demandons la réorientation de ces crédits vers trois postes.
- Des mesures de sauvegarde immédiate pour le Palais des fêtes de Coronmeuse (200.000 EUR), qui menace ruine. En dépit des engagements du Collège (notamment en réponse à notre question orale du 25 février dernier), le risque est grand de voir le Collège pratiquer la politique du fait accompli en laissant se dégrader ce témoin majeur du patrimoine moderne au point qu’il ne sera plus possible de le sauver.
- L’investissement dans des projets de logement social (1 million d’euros).
- La mise en place (première tranche) d’un outil de production au service des professions artistiques (1 million d’euros), dans le but de leur permettre de se professionnaliser. Le site de la dentisterie — en plus d’être très symbolique — serait très adapté à cette fonction.
On notera que ces amendements sont à considérer comme un ensemble, pour des raisons de respects des règles budgétaires.
Voir aussi l’intervention générale de François Schreuer sur le budget 2014, lors du débat introductif du 25 novembre.