Communiqué de presse, 15 février 2012
La météo polaire des dernières semaines a remis en lumière les situations de grande précarité que connaissent de nombreuses personnes dans notre pays, en dépit du fait que nous vivons dans l’une des sociétés les plus riches de l’Histoire. Et notamment le fait qu’est massivement bafoué le droit pour chaque personne d’avoir un toit et de vivre au chaud.
La constitution belge (art. 23) reconnaît en effet le droit au logement, au même titre que le droit à une vie conforme à la dignité humaine. Ce droit est également stipulé dans la Charte de Droits Fondamentaux de l’UE (art. 34). Dans les faits, force est de constater qu’il n’est pas respecté. Depuis de nombreuses années, l’Etat a poursuivi une politique libérale en la matière abandonnant la « régulation » aux forces du marché. Concrètement, aujourd’hui le droit de propriété prime sur le droit au logement et les aides à l’accès au logement acquisitif priment sur l’aide au marché locatif. Et dans les faits, aujourd’hui, le nombre de sans abris et de mal-logés explose.
À Liège, selon des chiffres fournis par les responsables de l’abri de nuit, de l’asbl Thermos et de l’abri supplétif, chiffres datant de début 2011, plus de 800 personnes étaient sans-abri. En outre, de très nombreuses personnes (environ 3000) sont en attente d’un logement social sur le territoire de la Ville. Cette situation s’est aggravée avec la disparition de plus de 1100 logements sociaux dans le quartier de Droixhe. Le logement public représente désormais moins de 8 % du parc immobilier liégeois. La Ville ne respecte donc pas la norme de 10 % voulue par la Région wallonne.
À Liège, le prix moyen pour un logement de 2 chambres est de 400 à 450 €. Pour un logement de 3 chambres, il faut débourser de 550 à 650 €. Alors que l’on estime généralement qu’il ne faut pas consacrer plus de 30 % de ses revenus aux logement (loyer et charges), un ménage qui reçoit le revenu d’intégration sociale (RIS, ex-minimex) consacre en moyenne 50 % de ses ressources à payer son logement.
Dans la mesure où Liège compte environ 7500 personnes au RIS (523,74 euros pour un cohabitant et 785,61 euros pour un isolé) tandis que plus de 26 % de sa population est au chômage, le logement public, dans lequel il convient cependant d’investir massivement, ne peut seul répondre à court et moyen terme aux nécessités. C’est pourquoi il faut également impulser une véritable politique publique du logement privé.
En 2005, les autorités communales liégeoises sont parvenues à identifier pas moins de 3.350 logements privés vides en croisant les fichiers de la population et du cadastre de 2004. Depuis, même si la commune n’est pas restée totalement inactive, elle est loin d’agir à la mesure des besoins identifiés. Nous pensons notamment qu’elle ne se saisit pas avec suffisamment de conviction de deux outils majeurs qui sont à sa disposition : la taxe sur les immeubles inoccupés (2004) et l’Agence immobilière sociale.
Selon les seuls chiffres publiquement disponibles, trois ans après le lancement de la taxe sur les immeubles inoccupés, à peine 265 d’entre eux étaient taxés, soit moins de 8 % de ceux qui pourraient l’être. Il y a donc soit dans les conditions d’application de la loi, soit dans sa mise en œuvre par les autorités communales un sérieux hiatus. À titre de comparaison, à La Louvière, sur les 1 311 logements vides recensés dès 2002, à peine 207 logements étaient encore vides à la fin 2004 (inhabitables, manque de ressources financières du propriétaire), et 145 en 2007.
De surcroît, depuis le vote par le Conseil communal en février 2011 d’un règlement relatif à la taxe sur les immeubles bâtis inoccupés, la taxe liégeoise est désormais très fortement réduite les deux premières années ce qui en affaiblit considérablement l’effet.
C’est pourquoi la Coopérative politique VEGA demande :
1) que soient prises les mesures nécessaires afin de combler l’écart entre le nombre d’immeubles inoccupés et taxés,
2) que soient rendue publique l’évolution chiffrée de la situation,
3) que soit instauré dès la première année de l’enrôlement le taux plein de la taxe, et
4) que les recettes engrangées s’accompagnent d’une augmentation des moyens de l’AIS.
Les agences immobilières sociales (AIS) ont été créées afin de rendre possible la réquisition douce (aide à la rénovation et mise en location comme alternative à la taxe) des immeubles inoccupés. À Liège, l’AIS « Liège logement », placée sous la houlette de Maggy Yerna, ne fonctionne pas bien. Son personnel est famélique et elle ne dispose plus d’un gestionnaire à temps plein depuis 9 mois. Elle gère aujourd’hui à peine environ 160 logements (chiffre en baisse) soit moins de 5 % des immeubles inoccupés. C’est pourquoi VEGA demande une action beaucoup plus volontariste de l’AIS. Celle-ci doit disposer des moyens nécessaires afin de systématiquement contacter les propriétaires de logements inoccupés pour les inciter à les mettre en location. En sus des locations classiques, elle doit également disposer de moyens afin de réaliser des travaux et créer des immeubles d’insertion dont les loyers sont plafonnés.
Le logement est un facteur d’inclusion et de cohésion sociale qui est souvent à la base d’autres droits. À l’échelle de la Ville et avec les outils dont celle-ci dispose, la Coopérative politique VEGA propose de faire du droit au logement une véritable priorité et d’activer avec force les outils dont la ville dispose.
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Les commentaires postés par les internautes
Plus de 3000 logements inoccupés à Liège : il n’y a pas de fatalité !
Excellent papier, rien à redire sauf que le sujet est important !
Plus de 3000 logements inoccupés à Liège : il n’y a pas de fatalité !
il n’y a pas que l’argent qui fait le bonheur !!!, rendre la dignité à une personne en apporte beaucoup plus.
Plus de 3000 logements inoccupés à Liège : il n’y a pas de fatalité !
la crisedu logement est liée au statut du chômeur. Parmi les logements vides, il y a ceux inoccupésmais qu’on loue pour avoir une adresse qui reconnaît l’"isolement"de la personne. ce sont les couples qui, si le statut de "chômeur isolé" le permettait, n’occuperaient qu’un seul logement pour deux. il n’y a p lus qu’à pousser pour modifier cette loi - encore une loi unique : en Belgique -
merci et bonne réflexion