Covid-19 : il ne faut plus tergiverser !

Question écrite, mercredi 11 mars 2020

Monsieur le bourgmestre,

La propagation du virus « Covid 19 » en Europe et en Belgique retient l’attention de toutes et tous et suscite largement l’inquiétude. Même si la situation belge est encore éloignée, à ce jour, de la situation dramatique que connait l’Italie — services de santé désormais incapables de traiter tous les malades, taux de mortalité très élevé, économie à l’arrêt,... —, tout le monde admet désormais que les chiffres publiés quotidiennement par le ministère de la santé — sur base de tests réalisés en très petit nombre, en raison d’une très regrettable pénurie de produits de contraste — ne reflètent qu’une partie de la diffusion de la maladie sur le territoire belge.

Je déplore profondément que le gouvernement fédéral rechigne, tant qu’à présent, à prendre ses responsabilités, en renvoyant lâchement la balle aux gouverneurs de provinces ainsi qu’aux villes et aux communes, lesquels ne disposent pas des moyens dont dispose l’Etat pour évaluer la situation ou mettre en œuvre des mesures lourdes. Je crains cependant que les autorités locales ne doivent, dans l’immédiat, se saisir du problème ainsi que les y « invite » la Première ministre, faute de voir le problème prendre des proportions ingérables.

Dès lors qu’on considère — comme c’est désormais largement admis dans la plupart des pays européens — qu’une étape de confinement, plus ou moins strict, de la population sera indispensable pour vaincre l’épidémie là où des foyers épidémiques se sont installés, il semble qu’il faille la mettre en œuvre immédiatement. C’est notamment l’une des leçons, ai-je appris ces derniers jours, que les épidémiologiques ont tirée de la grippe espagnole qui a décimé la population mondiale en 1918 : l’anticipation du problème donne de meilleurs résultats que la réaction a posteriori à l’installation du pathogène dans la population. Plus tôt on brisera la dynamique épidémique, moins les dégâts — humains comme économiques — seront importants. Chaque jour de retard risque, face à un phénomène dont la nature exponentielle échappe, il faut bien le reconnaître, à l’intuition commune, de se traduire par des dizaines de vies perdues.

Dès lors, considérant la multiplication de cas suspects ou avérés dans de nombreux endroits dans la Ville et notamment dans plusieurs écoles importantes — des écoles dont les élèves ont des frères et sœurs qui en fréquentent d’autres, des écoles où se déroulent diverses activités extra-scolaires fréquentées par des enfants venant d’autres écoles —, je pense que le moment est venu de fermer, pour une durée de deux semaines — la mesure devant être réévaluée au terme de cette période —, l’ensemble des établissements scolaires et des crèches situés sur le territoire communal. Je n’ignore pas le caractère socialement déflagrateur d’une telle mesure — qui exigera notamment que les employeurs autorisent les parents de jeunes enfants à s’absenter sans perte de salaire — mais je redoute fortement que son report ne débouche sur une situation pire encore.

Par ailleurs, nous avons l’immense chance que soit programmé, en ce mois de mars, le déménagement de trois hôpitaux — la clinique Saint-Vincent de Rocourt, l’hôpital Saint-Joseph et l’hôpital de l’Espérance — vers le nouveau site du Mont-Légia. Cette circonstance exceptionnelle ouvre la possibilité de dédier un hôpital entier — par exemple le site de Rocourt, qui est situé dans le milieu le moins dense — à la gestion du Covid19 et donc de garantir une séparation totale entre les malades traités pour cette maladie très contagieuse et tous les autres, qui devront continuer à recevoir des soins malgré la situation de crise dans laquelle nous risquons de nous trouver d’ici une semaine ou deux. Il me semble que la Ville devrait réunir les responsables des trois principales institutions hospitalières de la Ville afin d’envisager cette possibilité, même si, bien sûr, elle ne résoudra pas tous les problèmes (notamment en ce qui concerne la disponibilité du matériel de réanimation).

D’autres mesures sont certainement à envisager et il ne m’appartient pas d’évaluer leur pertinence dans le cadre d’une stratégie globale. Je vous serait très reconnaissant de me faire connaître la façon dont vous envisagez ces propositions.

En l’attente de vous lire, je vous adresse, Monsieur le bourgmestre, mes encouragements sincères face à la tâche qui vous attend dans les prochaines semaines.

François Schreuer
Conseiller communal de la Ville de Liège

 

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