Ce mercredi soir, au théâtre de Liège, avait lieu la soirée de lancement du processus « Réinventons Liège », lancé par le Collège communal. Contrairement aux autres groupes de l’opposition, VEGA a choisi de ne pas boycotter cet événement et notre conseiller communal, François Schreuer, a donc pris la parole pendant quelques minutes.
D’abord pour signaler que les conditions du débat laissent d’emblée à désirer. L’initiative ne semble guère avoir été concertée (même l’administration semble avoir été tenue à l’écart du projet jusqu’à présent). L’opposition n’a été informée que très tardivement (les propositions sur lesquelles il nous était demandé de réagir ont été communiquées seulement 24h à l’avance). Le caractère participatif du processus proposé reste à démontrer. Etc. Mais, après avoir réclamé, depuis des années, des espaces de coconstruction des politiques publiques, nous choisissons de jouer le jeu, nous faisons le pari que les choses peuvent se construire en marchant. Et nous laissons donc au Collège communal l’occasion de démontrer que le processus qu’il met en place tient réellement la route. Nous reviendrons rapidement avec des demandes et des propositions précises à cet égard.
Ensuite, pour constater que, très manifestement, les lignes du jeu politique liégeois sont en train de bouger. Et certaines aspirations largement portées dans la population, et notamment parmi la jeunesse, commencent aujourd’hui à s’imposer dans le paysage, notamment dans tout ce qui concerne la transition de nos façons d’habiter, de nous nourrir, de nous déplacer,… Il faut le souligner : la majorité des propositions défendues aujourd’hui par le Collège ne faisaient pas partie des programmes communaux des partis de la majorité. Pour certaines (le bio dans les cantines !), elles ont même donné lieu à d’intenses passes d’armes devant le refus du Collège de les prendre en compte. Par contre, bon nombre de ces propositions se trouvaient dans le programme de VEGA en 2012 ou fondent des combats que nous portons au quotidien.
Enfin, pour rappeler que de l’affirmation de quelques grands principes généraux — et assez consensuels — à leur application concrète dans le concret des politiques menées, il y a plus qu’une nuance. La plupart des « propositions » présentées ne sont à ce stade que des intentions vagues, voire simplistes. Plus embêtant encore : la réalité est qu’aujourd’hui, de nombreux dossiers portés ou défendus par le Collège sont en contradiction flagrante avec les positions qu’il dit désormais défendre.
Soyons donc concrets ! L’espace public et les espaces verts dans les quartiers constituent une priorité ? On s’en réjouit, mais le projet « Bavière », aujourd’hui extrêmement pauvre à cet égard, doit alors être profondément revu. La terre agricole sera désormais protégée ? Formidable, mais cela doit se traduire dans l’abandon du projet dévastateur des « Haïsses-Piedroux », qui prévoit d’urbaniser une trentaine d’hectares à Chênée. L’Open Data est à la mode ? Nous en sommes ravis, mais alors l’omerta qui est la règle de fonctionnement de certains échevins doit cesser et toutes les études financées par de l’argent public (PUM, Transurbaine, Cathédrale Nord, Place de l’Yser,…) dont on nous refuse même la consultation doivent être publiées et rendues disponibles, dans leur intégralité, pour tous les citoyens ! Les circuits courts et le bio doivent être favorisés ? Génial, mais ça suppose de revenir à une échelle humaine dans la confection des repas scolaires, et donc de faire marche arrière dans l’industrialisation qui a été de mise ces dernières années (et dont les standards de production ferment l’accès aux petits producteurs). Favoriser la mobilité douce et les véhicules partagés ? Ce serait une excellente chose, mais alors pourquoi continuer à annoncer la construction de nouveaux parkings, sur la place Cockerill, à la Citadelle ou ailleurs ?
VEGA appelle donc les citoyens liégeois à investir cette plateforme en ligne à participer aux réunions publiques qui seront organisées — et, plus que cela, à faire valoir dans la sphère publique leurs attentes sur l’avenir de la Ville, à devenir des acteurs du débat public. Mais nous rappelons dans le même temps que, s’il veut être crédible, le Collège communal doit mettre ses actes en cohérence avec ses paroles.