Communiqué de presse, 31 janvier 2019
La manifestation des élèves du secondaire et des étudiants pour le climat — 15.000 personnes, selon la police, étaient dans la rue malgré le froid — est historique, tout simplement. À notre connaissance, jamais la jeunesse liégeoise n’était descendue aussi nombreuse dans la rue (les manifs étudiantes des années ’90 avaient réuni plus de monde, mais venant de toute la Wallonie et de Bruxelles).
Les partis traditionnels ont tort de réagir sur un mode satisfait. « On se sent encouragés dans notre action et on est très fier de notre jeunesse », disent-ils en substance, ajoutant éventuellement qu’il leur faut mieux communiquer. Ce mouvement social indique au contraire que la politique actuellement menée par ces partis nous mène tout droit à la catastrophe. Une très profonde remise en cause est indispensable.
Nous ne réduirons pas nos émissions de gaz à effet de serre, en particulier, sans remettre en cause la place de la voiture dans nos villes et dans nos vies, sans réduire substantiellement l’usage de l’avion, sans investir massivement dans la transition.
S’ils veulent être crédibles, les partis qui ont aujourd’hui en mains les leviers du pouvoir doivent s’engager sur des mesures concrètes et les mettre en œuvre rapidement, notamment les suivantes.
— Au niveau local, la réalisation urgente d’un réseau d’itinéraires cyclables denses et beaucoup plus qualitatifs que ce qui a été réalisé jusqu’à présent, la création d’un système de chauffage urbain à l’échelle de la ville, permettant de valoriser les sources de chaleur existantes.
— Au niveau régional, l’abandon immédiat du projet d’autoroute « CHB » et de tout autre développement routier en Wallonie ; la mutualisation complète du financement du financement (ou « gratuité ») des transports publics locaux ; l’arrêt de tout nouveau développement dans les aéroports régionaux ou un investissement massif dans l’isolation du parc de logement.
— Au niveau fédéral, la suppression des avantages fiscaux accordés aux voitures de société et la taxation du kérosène à un taux au moins égal à celui du gasoil de chauffage — et la réorientation de ces moyens vers le transport public, en particulier le rail, qui doit se redéployer de façon ambitieuse sur le territoire wallon.
— Au niveau européen, la création d’un grand service public ferroviaire européen permettant d’offrir une alternative aux transport aérien (avec les trains de nuit) ou à la multiplication des camions sur nos routes.
Parallèlement à la réduction des gaz à effets de serre, des mesures fortes sont également à mettre en oeuvre sans attendre, pour garantir la biodiversité et la restauration des écosystèmes aujourd’hui exsangues : protection définitive des sites de grand intérêt biologique, moratoire sur l’artificialisation des sols, dépollution des friches industrielles, végétalisation des villes, redéploiement d’une agriculture locale durable, réduction drastique de l’usage des pesticides, abandon des plastiques à usage unique.
L’incroyable pouvoir de régénération de la nature fait aujourd’hui ses preuves en divers endroits du globe, proches ou éloignés de nous : pour qu’il puisse s’exprimer pleinement, il nous faut — simplement renoncer résolument à la destruction méthodique du vivant — comme nous le demande la jeunesse qui marche aujourd’hui dans la cité.
Céline Lambeau
Conseillère communale de la Ville de Liège
