Emissions polluantes liées au chauffage : quelle action de la Ville de Liège ?

Question écrite du 19 janvier 2021

Monsieur le bourgmestre,

Le chauffage des immeubles est, après la circulation des véhicules motorisés, l’une des principales causes de la pollution de l’air, ce grave problème qui fait perdre plusieurs années d’espérance de vie à chaque urbain.

C’est particulièrement le cas du mazout, qui est à l’origine de l’émission de quantités importantes d’oxydes de soufre, d’oxyde d’azote et de particules fines, tout en émettant sensiblement plus de gaz à effet de serre que le gaz de ville. La persistance de l’usage de ce combustible, en dépit de ces caractéristiques très problématiques, devrait être considérée comme une préoccupation importante en matière de santé publique.

Il n’est cependant pas le seul. Le chauffage au bois (ou au pellet) doit lui aussi susciter des préoccupations quand son usage cesse d’être anecdotique en milieu urbain dense. Il est en effet lui aussi émetteur de divers polluants locaux, même si les niveaux de pollution sont susceptibles de varier fortement selon la qualité de combustion obtenue. Par ailleurs, bien sûr, son impact climatique peut être presque nul lorsque la filière d’approvisionnement est locale et dépourvue de gaspillage énergétique (séchage), ce qui constitue un argument qui plaide en sa faveur dans les milieux moins denses. C’est en raison de cette seconde caractéristique, sans doute, que la Région wallonne, offre des subsides pour l’installation d’une chaudière utilisant la « biomasse ».

S’il s’agit évidemment d’un sujet très sensible — personne n’imagine priver nos concitoyens du droit élémentaire de se chauffer — et si l’enjeu central en matière de chauffage reste sans conteste l’isolation des bâtiments et la récupération de la chaleur dans les systèmes de ventilation — réduire les besoins en chauffage réduit aussi les émissions polluantes, quel que soit le moyen utilisé pour se chauffer — , je pense que les autorités publiques peuvent et doivent orienter le choix d’un système de chauffage, afin de contribuer à atteindre plus rapidement un air de bonne qualité en milieu urbain.

Dans cette optique, j’aimerais, au nom de la Coopérative politique VEGA, suggérer au Collège les actions suivantes :

  • Accélérer le développement du réseau de chaleur liégeois en créant plusieurs dorsales desservant l’ensemble du fond de vallée, de Coronmeuse au Val Benoit (au moins une sur chaque rive de la Meuse). Rendre ce réseau accessible aux nouveaux immeubles (peut-être à partir d’un certain volume chauffé) construits à proximité de ces dorsales. Je suppose qu’il devrait être possible de solliciter le fonds de relance récemment adopté par le gouvernement fédéral et/ou le FEDER pour financer cet important équipement qui s’inscrit clairement dans la transition énergétique.
  • Se donner une échéance (la fin de la présente mandature communale, par exemple ?) pour éliminer l’usage du mazout dans l’ensemble des bâtiments communaux et intercommunaux situés sur notre territoire, voire y remplacer également les chaudières à gaz obsolètes par du matériel performant.
  • Commander une étude sur les ressources calorifiques non exploitées en milieu urbain. Je pense par exemple à l’eau des égouts, dans laquelle il est possible de récupérer d’importantes quantités de chaleur à l’aide de pompes à chaleur (pouvant notamment alimenter le réseau de chaleur).
  • Adopter un règlement communal visant à interdire l’installation d’une chaudière à mazout dans un bâtiment neuf, voire interdisant le remplacement d’une chaudière à mazout par une autre lorsque le gaz de ville est disponible.
  • Octroyer aux particuliers et aux petites entreprises une prime pour le démantèlement d’une chaudière à mazout, d’un montant suffisant pour être réellement incitatif.
  • Solliciter la Région wallonne, afin qu’elle tienne mieux compte du problème de la pollution de l’air en milieu urbain dans sa politique de primes énergétiques : il serait souhaitable que la Région cesse de soutenir l’installation de chauffage à la biomasse là où la pollution de l’air est élevée, mais investisse dans le réseau de chaleur public et dans le soutien au remplacement des systèmes de chauffages les plus polluants (mazout,...) par les particuliers et les entreprises. Le gain en matière de santé publique de tels remplacements dans une zone dense et polluée sera en effet considérablement plus important dans d’autres endroits.

En l’attente de vous lire, je vous adresse, Monsieur le bourgmestre, mes salutations les meilleures.

François Schreuer
Conseiller communal de la Ville de Liège

Image : Reddit.

 

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