Localisation de l’immobilier de bureau : la centralité liégeoise en danger

Interpellation au Collège communal, 30 mai 2022

Monsieur le bourgmestre,

Nous avons eu l’occasion, lors d’une récente commission, d’évoquer la volonté lunaire de « Liège Airport » de développer un parc de bureau de rien moins que 300.000 m2 (!), en bordure d’autoroute — un projet qui s’accompagnerait inévitablement de considérables problèmes de mobilité dès lors que le site choisi est (très) éloigné de tous les axes importants de transport public.

Même si j’ose supposer que ce projet — qui contrevient en tous points aux lignes de conduite affirmées et réaffirmées ces dernières années en matière d’aménagement du territoire, notamment, par les autorités wallonnes — sera sèchement recalé par les instances compétentes, il est malheureusement loin d’être isolé, même s’il est le plus important jamais vu dans l’agglomération.

En effet, une enquête publique vient de débuter pour la construction d’un ensemble de 22.000 m2 de bureaux dans les bois du Val-Saint-Lambert, à Seraing. Même si cette surface semble, en comparaison, plus modeste, les 407 places de parking prévues dans ce projet sérésien nous permettent de mesurer qu’il ne s’agit pas d’un projet négligeable, très loin de là.

Sur le territoire communal liégeois également, des projets de bureau excentrés sont signalés. C’est notamment l’une des fonctions évoquées dans le nouveau projet qui s’ébauche pour le fort de la Chartreuse.

Cette multiplication des projets de bureau est d’autant plus interpellante que la pandémie du COVID19 a fortement popularisé le télétravail dans le secteur tertiaire, annonçant une probable réduction des besoins en surfaces de bureau.

Dans le même temps, on observe une fragilisation continue de la fonction de bureau dans le cœur liégeois, dont le dernier avatar est la fermeture prochaine, annoncée fin mars, du siège régional de la banque Belfius, Bld Maurice Destenay, avec le départ de 70 travailleurs pour Namur. Et si le départ d’Ethias de la rue des Croisiers se fait heureusement en direction de Coronmeuse, à côté d’un arrêt de tram, plutôt que d’une localisation éloignée de axes de transport public, ce sont quand même plus de 1000 travailleurs, là, qui vont quitter l’hypercentre.

Dans le même temps, l’îlot « Innovation », en Feronstrée, reste désespérément vide alors que la profonde et coûteuse rénovation est terminée depuis 2020.

Même si le chantier du tram et sa gestion calamiteuse expliquent sans aucun doute une partie des difficultés actuelles de notre centre urbain, la multiplication des signaux d’alerte doit nous amener à réagir :

  • en faisant un diagnostic des raisons qui poussent les opérateurs à multiplier les projets excentrés ;
  • en planchant sur une stratégie visant à renforcer le coeur liégeois ;
  • en recherchant un consensus intercommunal en faveur d’une localisation exclusive des projets importants de bureaux le long des axes de tram, existant et à venir, ce qui implique de contester chaque projet important qui ne respecterait pas ce principe ;

Pourriez-vous m’indiquer la position du Collège sur ces propositions ?

D’avance je vous remercie.

François Schreuer
Conseiller communal

Illustration : une (très petite) partie du « business park », en cours de construction, en bord d’autoroute, à Liège Airport.

 

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