Limiter l’emprise de la publicité commerciale dans la vie de la Cité

Nous sommes de plus en plus soumis à un bombardement de publicités marchandes, de propagandes, d’événements-chocs qui nous poussent vers le sensationnel et l’émotion et nous privent de tout travail de réflexion.

Les chaînes francophones belges ont diffusé 2844 heures de publicité en 2010 (+18,2 % par rapport à 2009). Nous subissons chacun quelques 3 000 publicités par jour. Toutes les disciplines et ressources créatives sont convoquées pour accroître la force de leur persuasion. Les budgets publicitaires sont en croissance constante : en 2011 en Belgique, ils s’élevaient à 3,565 milliards d’euros (plus que le budget de la Justice).

Qui finance ces sommes faramineuses ? Nous payons le coût de la publicité dans le montant de nos achats : environ 200 euros par personne et par an, sans compter les dégâts sanitaires, sociaux et environnementaux que cause la surconsommation liée à cette publicité et qui sont pris en charge par la collectivité.

Les agents publicitaires, structurés en véritables trusts, vont jusqu’à s’immiscer dans la gestion culturelle et urbanistique de notre quotidien. Face à cette invasion de plus en plus agressive de la publicité commerciale et des grands trusts qui la régissent, VEGA veut lutter pour une diminution significative de cette mainmise par une gestion plus drastique de l’espace public en termes de sécurité, de protection de la jeunesse et de liberté d’expression.

Un exemple notable de cette intrusion abusive dans la gestion de l’offre culturelle est la mainmise de ClearChannel et de son rejeton Live Nation qui, abusant de leur position dominante, s’attaquent depuis 10 ans déjà à la culture rock très vive en Wallonie. Leur rachat en masse des grands tourneurs de concerts leur a déjà permis d’exercer diverses pressions tant au niveau des artistes qu’au niveau des organisateurs, en étouffant au passage toute tentative de concurrence. Cette mainmise mène clairement à une standardisation des programmations de concerts et de chaînes radios.

Les Ardentes liégeoises ont succombé à cette collusion avec ClearChannel et sa filiale, leur concédant un droit de regard sur la programmation des artistes, les cachets faramineux qui en découlent et l’explosion du prix d’entrée. Malgré ce partenariat avec le monde de la publicité commerciale qui envahit le domaine, les Ardentes continuent à engloutir une somme importante des dépenses culturelles de la Ville (à concurrence de 3 % du budget du festival, qui s’élève tout de même à 4 millions d’euros !).

Par cette même emprise sur les médias, on voit bien comment de tels agents publicitaires peuvent s’en prendre également à l’information journalistique. Ce qui se trame déjà au niveau de quelques organes de presse, puisque, régissant également la publicité de certains magazines, ces agents peuvent faire pression pour mettre en phase le contenu rédactionnel avec le message des annonceurs. Ainsi la pub commerciale, plus que jamais, exerce-t-elle un pouvoir considérable en matière de conditionnement des esprits, en particulier auprès des jeunes, sa cible privilégiée. Avec une seule et unique optique : le matraquage publicitaire, puisqu’il s’agit ni plus ni moins de vendre aux annonceurs un public, tout comme la radio commerciale leur vend de l’audience |1|.

VEGA propose :

  • de soutenir les petits tourneurs et salles qui sont l’âme même de la production indépendante, de la diversité et du renouveau culturel et de cesser tout subside public aux événements labellisés ou soutenus par ClearChannel
  • d’encourager de manière générale le circuit wallon indépendant à se développer loin de ces tentations mortifères pour le secteur.
  • d’assurer dans les grandes programmations et festivals la présence de nos artistes locaux, pour que la « publicité », celle des initiatives et des talents, retrouve ses lettres de noblesse.

Nous voulons aussi signaler qu’un autre géant de la publicité est omniprésent à Liège, la multinationale JC Decaux.De manière très concrète, la volonté ferme de VEGA est de restreindre progressivement la présence de la publicité commerciale dans l’espace public en ne renouvelant pas les autorisations et/ou locations d’emplacements publicitaires (gérés par de telles sociétés), et de faire pression sur les partenaires tels que le TEC pour qu’ils en fassent autant.

Nous proposons de défendre la réappropriation des espaces d’expression par les acteurs culturels et artistiques de la Ville, par les informations d’utilité publique et par la publicité prioritaire des petits commerçants locaux. Et pourquoi pas un droit de réponse des citoyens -sous forme de contre-publicité- aux abus publicitaires (publicités mensongères, étouffement de la culture et des services publics) ? Cette réappropriation pourra se traduire par un partage équitable des espaces d’expression |2|.

Dans l’hypothèse de l’instauration d’un véritable système de vélos partagés à Liège (projet que nous jugeons souhaitable), nous nous engageons à défendre une gestion publique de ce parc, sans concéder à JC Decaux la gestion du marché comme c’est hélas le cas à Bruxelles, et depuis peu à Namur. Nous constatons en effet que ces villes sont aujourd’hui pieds et poings liés à des obligations contractuelles vis-à-vis de JC Decaux. Nous craignons que cette dépendance structurelle déguisée sous de pseudo-velléités philanthropiques de ce grand groupe industriel crée dans le futur une concurrence entre les intérêts de la collectivité et des politiques de mobilité et ceux, plus pécuniaires, de la multinationale.

|1| Voir notre point sur le soutien aux médias locaux.

|2| Voir aussi notre point sur l’Art Public.

 

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Les commentaires postés par les internautes


Limiter l’emprise de la publicité commerciale dans la vie de la Cité

Posté le 1er septembre 2012, par alain LEBRUN

je propose aussi de faire le cadastre des panneaux publicitaires sur territoire communal, de les taxer si ce n’est déjà fait et de veiller à ce qu’ils soient assortis du permis d’urbanisme obligatoire, Alain LEBRUN

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Limiter l’emprise de la publicité commerciale dans la vie de la Cité

Tiens, rue du plan incliné on voit une affiche électorale dans un panneau publicitaire accolé à un commerce... c’est normal ? Il faut dire qu’un peu plus loin une remorque stationne remplie des mêmes affiches dans une station à essence. Quelle est la règle en la matière ?

Limiter l’emprise de la publicité commerciale dans la vie de la Cité

Posté le 3 septembre 2012, par Cindy PAHAUT

Dans les exemples notables d’ARTIVISME & de détournement des espaces publicitaires, on pourrait se référer ici aux détournements des médias accomplis par Gran Fury dans le contexte de la lutte contre le SIDA (et la mésinformation mortelle entourant la maladie). Ici le combat pour la représentation devient une question de vie ou de mort. Plutôt que de vouer la pub aux gémonies, on la détourne à des fins de salut public !

http://hyperallergic.com/42085/aids-art-activism-gran-fury/
http://www.queerculturalcenter.org/Pages/GranFury/GFGllry.html *

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Limiter l’emprise de la publicité commerciale dans la vie de la Cité

Posté le 5 septembre 2012, par CindyP*

Pour rappel, les relations contractuelles qu’a entretenues la Ville de Liège avec la multinationale JC Decaux ne se réduisent pas à une affaire aussi mince qu’une simple affiche publicitaire... http://archives.lesoir.be/corruptio... *

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Limiter l’emprise de la publicité commerciale dans la vie de la Cité

Par contre, à l’inverse... Mieux valoriser les initiatives liégeoises telles "golden sixties" ou tout autre événement d’envergure organisé dans la gare des guillemins. Etre un peu moins timide et montrer plus franchement que des expos sont en cours. Prendre exemple sur la gare Berlin Hauptbahnhof qui brandit haut et fort les évènements en cours dans la ville.

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