Question écrite
Monsieur le bourgmestre,
Ce 19 août, à Virton, a eu lieu la première utilisation d’un Taser en conditions réelles par des forces de police en Belgique. Un individu agressif, aux prises avec un policier, a été neutralisé à l’aide de ce pistolet à impulsion électrique.
Si le récit que l’on peut lire de cet épisode semble indiquer que tout s’est passé sans souci, je note cependant que le journaliste Michel Henrion rapporte, d’après des sources directes sur le terrain, que, je cite : « le policier aux prises avec l’agresseur a, après l’emploi du Taser, perdu connaissance quelque deux minutes et a dû être réanimé sous oxygène par des ambulanciers. Bref, le chef de Corps de la Zone Gaume n’a pas tout dit (euphémisme), surtout que son policier a été en fait sérieusement atteint et hospitalisé. »
Et pour cause, l’électrochoc, rappelle M. Henrion, n’est pas sélectif : les ondes de l’unique cartouche tirée ne se sont pas arrêtées au seul corps du ressortissant français en rébellion (un peu comme l’électrocution d’un corps dans une baignoire, que nul ne peut toucher au risque de l’être lui-même).
Ajoutons que les syndicats policiers continuent à dire, comme VEGA l’avait longuement souligné lorsque le débat a eu lieu dans notre Conseil communal, l’absence de cadre juridique clair pour l’utilisation de cette arme. Je cite ici Vincent Gilles, porte-parole du SLP police, qui, même s’il ne se prononce pas sur l’arme elle-même, a fait la semaine dernière les déclarations suivantes à la RTBF : « Nous exigeons du ministre une circulaire des procureurs généraux, statuant sur cet engin, avant qu’il ne lance sa phase test avec les quatorze zones. Et nous n’avons pas cette circulaire […] Nous ne voulons pas une répétition de l’affaire Semira Adamu avec l’usage d’un équipement qui aurait des conséquences graves, et qui emporterait de manière juridique la responsabilité civile du policier. Ainsi, il devrait porter seul le chapeau de l’utilisation de cette arme, dont le cadre légal n’est pas suffisant. »
La presse rapporte d’ailleurs que, parmi les 14 zones de polices impliquées dans l’expérience-pilote d’utilisation du TASER, deux ont décidé de mettre fin à l’expérience au vu des éléments soulignés ici.
Dans ces conditions, il me semble que la question ne peut pas être ignorée à Liège.
Je vous demande donc d’envisager très rapidement la suspension de l’expérience-pilote d’utilisation du TASER, actuellement menée au sein de la police de Liège, afin de reconsidérer les risques — manifestement réels, tant sur le plan physique que celui de la sécurité juridique — qu’induit cette arme, notamment et d’abord pour nos policiers eux-mêmes.
En vous remerciant pour le suivi que vous réserverez à la présente, je vous adresse, Monsieur le bourgmestre, mes salutations respectueuses.
François Schreuer
Conseiller communal