Communiqué de presse du 29 août 2024
La Coopérative politique VEGA a pris connaissance, ce jeudi 29 août, de l’intention du gouvernement wallon d’abandonner les extensions du tram prévues vers Seraing (Jemeppe) et Herstal (place Licour), qui seraient remplacées par des « bus prioritaires ».
Nous sommes d’accord sur un point avec le gouvernement : le prix exigé par les entreprises (environ 370 millions d’euros) — et en particulier par « Tram’Ardent » — pour la réalisation de deux courtes extensions de moins de trois kilomètres chacune, soit un prix au km, jamais vu, d’environ 65 millions d’euros, est largement excessif. Mais ce prix est la conséquence directe du « Partenariat public privé » (PPP) signé (après l’avoir mal négocié) le 31 janvier 2019 par le gouvernement Borsus, lequel était composé… du MR et du CDH (devenu « Les Engagés »). Ce PPP a mis le consortium « Tram’Ardent » en position de procéder à une véritable extorsion lorsqu’est venu le temps de négocier les extensions.
Cette situation justifiait à nos yeux une renégociation du dossier — en envisageant en dernière extrémité une exploitation dissociée dans un premier temps si Colas/Tram’Ardent persistait dans son refus de revenir à la raison —, mais certainement pas son abandon.
Car cet abandon annonce de très lourdes conséquences pour l’agglomération liégeoise, qui, même avec la ligne 1 entre Sclessin et Coronmeuse, restera largement sous-équipée en transport public urbain structurant par comparaison avec TOUTES les agglomérations de taille similaire en Europe occidentale. Cela se traduit par un service globalement déficient, par une surcharge chronique de nombreuses lignes, par une part modale très largement inférieure à celle qu’on observe dans les grandes villes allemandes, flamandes, suisses et dans beaucoup de villes françaises. Cet abandon annonce aussi, très probablement, que les objectifs de report modal fixés par la Wallonie dans sa « vision FAST » (qui prévoit un accroissement de la part modale du transport public urbain selon un facteur 2,5) seront très loin d’être même approchés.
Cet abandon mine un peu plus encore la confiance des usagères et usagers dans la parole publique. Certaines personnes ont par exemple fait le choix d’acquérir une maison dans les quartiers concernés en sachant qu’une ligne de tram la desservirait : que doivent-ils penser aujourd’hui ?
Sur le plan social, cet abandon est un nouveau coup de canif pour les classes moyennes et populaires qui dépendent du transport en commun pour leurs déplacements quotidiens et sont désireuses d’un transport public accessible, rapide et confortable. Les Engagés et le MR les privent aussi d’une rénovation urbaine de leur quartier. De plus, nous savons déjà que les entreprises à qui les marchés avaient été attribués ont investi et recruté pour ce projet. Le gouvernement fait peser sur les travailleurs et travailleuses le poids de leur décision alors que le MR était au gouvernement et avait validé l’attribution du marché. Le gouvernement torpille également une entreprise wallonne, importante pour la région liégeoise.
Cet abandon nous engage sur un chemin hasardeux, qui verra le payement par la Région de considérables indemnités de rupture aux entreprises concernés — vous avez dit bonne gestion des deniers publics ? —, l’arrêt d’un chantier en cours — les voiries sont ouvertes à Herstal : que va-t-il se passer ? —, la nécessité de relancer une procédure de permis pour le projet alternatif qui fera inévitablement perdre plusieurs années et pourrait même renvoyer le projet à la prochaine législature.
Cet abandon constitue enfin un coup d’arrêt extrêmement dommageable dans l’émergence d’une dynamique métropolitaine, dont la ligne longue du tram s’annonçait comme une concrétisation majeure, sur le plan matériel, en facilitant les liaisons entre les principales communes de l’agglomération, mais aussi sur le plan symbolique, le tram liégeois n’étant plus limité au seul territoire de la Ville de Liège.
Au-delà de ce dossier précis, nous craignons fortement que les intentions du nouveau gouvernement wallon ne mènent à un recul général de l’offre de transport public — notre interpellation au Conseil communal de ce lundi porte d’ailleurs sur ce sujet —, à une véritable période noire pour celui-ci et pour ses usagers. Un tel recul, à l’image de l’alternative annoncée, médiocre et insuffisante, générant des ruptures de charge supplémentaires et des coûts dispensables inhérents à la multiplication des standards techniques, aurait des conséquences immenses incluant un engorgement urbain persistant, avec son cortège de nuisances pour la qualité de vie et la santé des urbains, une mobilité rendue plus difficile pour l’ensemble de la population et en particulier pour les personnes ne disposant pas d’une voiture, l’abandon des objectifs climatiques adoptés par la Wallonie.
La Coopérative politique VEGA appelle dès lors le gouvernement à revenir sur sa décision.
François Schreuer
Conseiller communal de la Ville de Liège
Salvador Alonso Merino
Chef de file aux élections communales à Liège
Réagir, commenter, compléter, critiquer,...
Les commentaires postés par les internautes
Une période noire s’ouvre pour le transport public en région liégeoise
En tenant compte du fait que les politiques qui aujourd’hui voudraient arrêter un projet en cours, sont issus des mêmes partis que ceux qui avaient signé le PPP, on devrait songer à un dispositif pour les attaquer en justice, en mettant en avant le montant très élevé des indemnités à payer en cas de rupture du contrat, mais aussi tous les désagréments occasionnés aux citoyens et à l’environnement où ils vivent.
Qu’une telle décision ait été prise par un gouvernement distinct du précédent, après tentative de renégociation et/ou audit démontrant la pertinence de l’arrêt par rapport à la poursuite, on pourrait mieux le comprendre.
Une période noire s’ouvre pouMonr le transport public en région liégeoise
Fameux recul pour la mobilité et l’économie de Herstal et Seraing