VEGA soutient les travailleurs en grève contre le travail du dimanche dans le commerce

Une délégation de la Coopérative politique VEGA est allée ce dimanche matin apporter son soutien aux travailleurs de l’Inno de Liège, en grève contre le travail du dimanche.

La Coopérative politique VEGA s’oppose en effet au travail du dimanche dans le commerce pour les raisons suivantes.

  • Nous pensons que l’ouverture du dimanche va rendre encore plus difficile la situation du commerce indépendant à Liège, au profit des grandes enseignes et au détriment de la diversité et de la qualité de l’offre commerciale dans notre ville. Citons Philippe Askenazy, économiste et chercheur au CNRS : « une plus grande amplitude horaire génère des frais fixes supplémentaires (électricité, nettoyage) pour les entreprises du commerce. Elles ne gagnent donc pas plus en ouvrant davantage, mais prennent un avantage sur leurs concurrents. Les principaux perdants du système sont les petits magasins indépendants qui restent fermés ce jour-là. » De manière générale, l’intensification de la concurrence commerciale, à l’échelle d’une économie, n’a pas pour effet d’augmenter la quantité d’achats effectués, mais de modifier leur répartition. Prétendre relancer l’économie par une telle politique est une impasse, quelle que soit le référentiel dans lequel on se situe.
  • Ce faisant, le mouvement de concentration du commerce vers les grandes enseignes va s’accroître, ce qui implique notamment une diminution du nombre d’emplois dans le secteur (en effet, pour une même quantité de bien vendus, le nombre d’emplois générés dans une grosse machine ou dans une boutique est fort différent, c’est ce qui s’appelle les rendements d’échelle). Selon Philippe Askenazy : « comme la clientèle s’étale sur davantage de jours, les magasins prévoient moins de personnel en semaine pour en ajouter le dimanche. (…). Aux Etats-Unis par exemple, les horaires élargis ont permis d’augmenter l’emploi de 1 %, mais ont parallèlement contribué à la destruction d’emplois dans les petits commerces. Autre exemple parlant : la Bavière est la zone la plus prospère d’Europe et affiche un très faible taux de chômage. Pourtant les horaires des commerces sont les plus contraints en Europe ».
  • Ce mouvement va donc intensifier la pression sur les travailleurs, augmenter leur précarisation, dégrader leurs conditions de travail, puisqu’on pourra exiger toujours plus d’eux, et notamment qu’ils sacrifient le jour de repos hebdomadaire qui est un conquis social de première ampleur, l’expression d’un choix de société fondamental, et une mesure évidente au plan de la santé publique. Il est bien évident que l’argument selon lequel le travail du dimanche serait, le cas échéant, laissé au libre choix des travailleurs, ne tient pas la route : dans un contexte aussi dur que celui que nous connaissons, les travailleurs, en particulier ceux dont le statut est le plus précaire, n’auront, dans les faits, guère le choix et se plieront à ce que demande leur employeur. Quitte à ne plus disposer d’une journée dans la semaine à passer avec leurs proches, avec leur famille, avec leurs enfants.
  • Cette mesure apparaît donc surtout comme un emplâtre sur la jambe de bois de l’incapacité — ou plutôt de l’absence de volonté — des responsables en place à juguler la prolifération des centres commerciaux, dont on sait qu’elle porte directement préjudice aux noyaux commerciaux historiques et désertifie donc les villes (qu’on devra ensuite réparer à coups de millions par des opérations de « rénovation urbaine ») et qui, contrairement à ce que d’aucuns prétendent, se poursuit à bon train (Soumagne, Hognoul, récente extension du Cora, plusieurs projets sur Herstal, nouveau centre commercial de Verviers, Cristal Park, Gastronomia à Seraing, etc).
  • Nous pensons que les riverains des zones commerçantes ont le droit à voir l’activité se calmer, un jour par semaine, pour pouvoir se reposer sans subir l’agitation urbaine, pour profiter de leur quartier et y flâner, pour pouvoir gérer un déménagement sans trop de tracas, etc.
  • Au plan touristique, nous ne pensons pas que c’est le rôle du commerce que de susciter l’activité touristique. Nous pensons qu’un jour où la ville est plus calme est aussi un atout touristique, permettant de la découvrir agréablement à pied ou à vélo, sans trop subir la pression automobile. S’il y a une volonté de la Ville de développer le tourisme le dimanche, nous pensons que d’autres mesures sont susceptibles d’y contribuer, notamment en donnant plus de place et de moyens aux opérateurs culturels, ou en réduisant la pression automobile sur la ville.
  • Au plan écologique, enfin, ce type de mesure — en concentrant l’offre au détriment d’une couverture du territoire par le commerce de proximité, et les effets ne se limitent évidemment pas au dimanche — augmente mécaniquement les déplacements, notamment ceux qui sont effectués en voiture. Les effets de cette mesure au niveau énergétique (chauffage, éclairage, etc) ne sont pas non plus négligeables (l’ouverture le dimanche, en diluant le chiffre d’affaire sur une période plus longue, augmentera mécaniquement la quantité d’énergie, souvent déjà élevée, nécessaire à la distribution de chaque marchandise).
 

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