La notion d’accessibilité renvoie trop souvent aux seuls aspects de mobilité et d’accès aux lieux publics. Certes, les problématiques d’accessibilité des transports en commun et de l’ensemble des bâtiments publics (communaux, en l’occurrence) sont une priorité. Toutefois si l’amélioration de cette forme d’accessibilité n’est pas accompagnée d’une large réflexion et d’une concertation concernant tous les accès à la citoyenneté de toutes les Liégeoises et de tous les Liégeois, nous passons à côté du principal objectif, celui de l’inclusion.
L’accessibilité, c’est avant tout l’accessibilité citoyenne, celle qui permet de vivre comme tout un chacun dans la cité et de participer activement à la vie sociale. L’accessibilité doit être physique : accès aux transports en commun, aux bâtiments et à la voie publique ; elle doit être sensorielle : communications communales en langage adapté, adaptation des bibliothèques et expositions ; elle doit être aussi intellectuelle : communications communales faciles à comprendre, aide à la vie citoyenne. Pour ce dernier point, nous souhaitons renforcer le rôle des « handicontacts » |1| et leur visibilité afin qu’ils profitent au plus grand nombre.
Quelques propositions concrètes :
- Accueil des adolescents. Nous proposons la mise en place systématique de garderies dès 7h30 et jusque 18h tous les jours de la semaine, mercredi compris. Les adolescents handicapés ne jouissant pas de la même autonomie que leurs pairs, un système de garderie éviterait aux parents d’avoir recours au système D et/ou de devoir adapter la carrière de l’un d’entre eux.
- Accueil des jeunes adultes en situation de handicap. Compte tenu du moratoire de l’Agence wallonne pour l’Intégration des Personnes Handicapées (Awiph) au niveau des places d’accueil de jour et de nuit pour adultes, beaucoup se retrouvent dépourvus dès 21 ans ; si les deux parents travaillent, c’est la galère... Nous ne pouvons plus tolérer que ces jeunes se retrouvent en maison de repos ! La Ville de Liège interpellera les autorités régionales à ce propos.
- Activités adaptées. Nous proposons également une prise en charge communale de l’organisation d’activités adaptées, indispensables au bien-être et à la réalisation de soi : musique, sport, culture, stages de vacances, excursions, espaces de rencontres,… autant que possible en lien avec d’autres publics.
- Transport. Nous constatons une grave carence dans le domaine du transport des personnes présentant un handicap. À l’heure actuelle, les bus des TEC adaptés à ces personnes sont insuffisants et les passerelles trop souvent défectueuses. D’autre part, les autres systèmes de transport adapté sont soit trop onéreux, soit vite saturés. Nous souhaitons faire de cette question une priorité, en augmentant le niveau d’exigence vis-à-vis des TEC et en envisageant la faisabilité financière d’un service communal complémentaire, pour les cas les plus délicats.
- Logement. Le règlement communal d’urbanisme (RCU) doit évoluer pour prendre en compte des éléments de base de l’accessibilité aux personnes présentant un handicap dans toutes les nouvelles constructions (rampes, largeur de portes, sanitaires,...). L’accessibilité des logements sociaux est cependant une priorité : trop peu d’entre eux ont été adaptés, amenant certaines familles à devoir déménager ou à s’accommoder d’un mode de vie peu fonctionnel voire pénible.
- Conseils de quartier. Nous proposons la création de conseils de quartiers élus. Nous souhaitons veiller à éliminer tous les obstacles à la participation des personnes présentant un handicap à ces conseils.
|1| Un Handicontact est un référent de proximité communal ayant pour tâche l’information et l’orientation des personnes handicapées, de leurs proches vers les services aptes à répondre à leurs besoins, vers l’organisme, l’association, le service le mieux à même à répondre à sa demande.
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Les commentaires postés par les internautes
Prendre en compte les handicaps non visibles
Petite note rapide concernant le handicap suite à une discussion avec Catherine Godart...
Le handicap est trop souvent résumé au fait de ne pas pouvoir marcher et de se trouver en chaise roulante. S’il est un handicap excessivement visible et très difficile à vivre, il ne rend pas les autres handicaps moins importants.
Pensons entre autres aux personnes qui vivent avec un handicap provisoire suite par exemple à un accident et qui ne bénéficient pas de carte de stationnement et de traitement préférentiel... Pensons également aux personnes malades chroniques dont la maladie ne se voit pas et qui pourtant peut les empêcher de se mouvoir à la même vitesse, dans les mêmes conditions et aussi facilement que les valides. Eux aussi ont bien du mal à voir leur maladie reconnue par les services publics (INAMI, ONEM, Mutualité) alors qu’elle leur pourrit pourtant la vie, réduit leur capacité à travailler et leur capacité d’autonomie.
Ces personnes-là ont aussi besoin de soutien, de transports adaptés, publics ou non, d’accès à des parkings pour personnes moins valides n’atteignant pas le degré de validité des personnes bénéficiant de la carte de stationnement. Ces personnes ont besoin de postes adaptés (même si ceci n’est pas de la compétence communale, le pourcentage de personnes handicapées dans les services publics et l’adaptation de leur poste sont-ils suffisants ?).
Il est important de comprendre que ces personnes ont beaucoup de mal à accéder aux services publics, aux salles de cinéma ou de concerts, à la culture, qu’elles doivent se poser 50.000 questions avant de sortir de chez elle : aurais-je un accès facile à ce bâtiment, la possibilité de m’asseoir ? Y a-t-il des bancs publics sur le trajet pour que je puisse me reposer ?
Bref, prendre en compte ces handicaps qui ont du mal à être reconnus et pris au sérieux par des institutions qui oublient l’empathie au profit de leurs pourcentages, est essentiel pour que chacun puisse trouver sa place.
Un handicap n’est pas le fait d’une personne, mais est le fait d’un monde inadapté pour les personnes différentes. Des gestes simples peuvent aider. Comme plus de considération, moins de discrimination, plus de réflexion.
Nous pensons à diminuer le nombre de voitures en ville ? Soyons sûrs de ne pas oublier les personnes handicapées, alors, si non, elles ne pourront plus trouver leur place.
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Souplesse de la conduite des bus
Par exemple, il serait indispensable de former les conducteurs de bus à une conduite plus souple. C’est un vrai calvaire de prendre le bus pour une personne qui souffre physiquement.
Il y a aussi l’éducation de tout un chacun : céder sa place quand on est assis, accepter que quelqu’un qui n’a pas de handicap visible demande à être assis, sans poser de question, et pour la personne en situation de handicap, apprendre à demander. Ce qui peut parfois être épuisant, car il faut tout le temps demander.
Et Delphine, merci de rappeler que les bancs publics ne servent pas qu’aux sans-abri pour passer la nuit...
Un article de presse
Pour que ce genre de situation n’arrive pas à Liège :
"Briey (Meurthe-et-Moselle) : une personne handicapée jugée sur le parvis du tribunal"