Scandale PFAS : un électrochoc pour enfin prendre au sérieux la lutte contre les polluants chimiques ?

Communiqué de presse du 13 novembre 2023

La RTBF a révélé la semaine dernière que la Région wallonne a dissimulé — aux citoyens mais aussi aux autorités locales — pendant plus de 5 ans une pollution aux PFAS autour de Chièvres, dans le Hainaut, à un niveau cinq fois supérieur aux seuils fixés par l’Autorité européenne de la sécurité des aliments. Pendant plusieurs années, 12.000 personnes ont bu une eau contaminée : les autorités wallonnes le savaient, ont tardé à agir et ont dissimulé la situation. Aujourd’hui, des analyses de sang montrent que les personnes concernées sont contaminées, tandis que le porte-parole de la SWDE persistait absurdement, dans le reportage de la RTBF, à qualifier de « potable » une eau qui met en danger ceux qui la boivent. Aujourd’hui, ce sont les habitants de Ronquières, à trente kilomètres de là, qui sont « invités » à ne plus boire l’eau du robinet. Et, faute de disposer d’une cartographie complète, nous ignorons si d’autres « hotspots » ne seront pas déclarés dans les prochaines semaines ou les prochains mois.

Cette situation appelle une mobilisation générale sur la question des PFAS et plus largement sur celle des polluants chimiques, qui sont beaucoup trop présents dans notre environnement.

Dans ce contexte, la Coopérative politique VEGA, après avoir obtenu le vote, en avril dernier, par le Conseil communal de Liège d’une délibération exigeant la réalisation rapide d’un état des lieux de l’eau de distribution à Liège et visant à bannir les PFAS des marchés publics conclus par la Ville et les intercommunales dont elle est membre, formule aujourd’hui quatre demandes.

1. Qu’une information complète et transparente soit donnée au public, ce qui est très loin d’être le cas à ce jour. À cette fin, il est notamment indispensable que l’ensemble des données d’intérêt collectif dont dispose la Région, mais aussi, à Liège, la CILE, soient sans attendre rendues disponibles, contrairement à ce qui a été fait ces dernières années. Nous demandons aussi que soit mis en place des contrôles réguliers dans tous les captages d’eau wallons, que soit réalisée de façon urgente une cartographie de l’exposition aux PFAS ou encore qu’une information soit donnée au public sur la présence, très importante hélas, des PFAS dans les objets du quotidiens (poêles en téflon, moules à gâteau, vêtements, batteries, cosmétiques, lubrifiants, encres, etc) et sur les niveaux de risque associés, afin de permettre à chacune et chacun de se réduire la présence de PFAS dans son environnement direct.

2. Que le Parlement wallon adopte en urgence une norme sur la présence des PFAS dans l’eau de distribution, sans attendre l’application de la directive européenne (2026) et en plaçant la barre à un niveau beaucoup plus exigeant que les 100 nanogrammes par litres décidés par l’Europe, une norme dont de nombreux spécialistes considèrent qu’elle est insuffisante à protéger la santé publique. Les normes adoptées par les Etats-Unis (4 nanogrammes par litre) ou par le Danemark (2 nanogrammes par litre) semblent beaucoup plus en phase avec les connaissances que nous avons aujourd’hui.

3. Que l’Etat belge interpelle ses partenaires afin d’obtenir un sursaut dans la lutte contre l’exposition de la population aux polluants chimiques et donc une révision sensiblement à la hausse des standards européens actuels et à venir, pour sortir du manque d’ambition actuel de l’Union européenne en matière de protection de la santé publique, comme on le voit avec cette norme trop laxiste et trop tardive comme dans bien d’autres dossiers (notamment le règlement REACH, là aussi beaucoup trop permissif pour les pollueurs). Plus particulièrement, nous demandons que les autorités belges et wallonnes se rallient à la position de l’Allemagne, des Pays-Bas, du Danemark, de la Suède et de la Norvège qui réclament l’interdiction pure et simple des PFAS. Nous demandons aussi que la Belgique exige que le coût de l’exposition de la population aux PFAS (entre 52 et 84 milliards d’euros chaque année au niveau européen, selon le journal Le Monde) soit mis à la charge des industriels qui produisent ou utilisent ces substances.

4. Que, enfin, le Parlement wallon fasse toute la lumière sur les circonstances qui ont mené au scandale qui explose aujourd’hui, en mettant en place, si besoin, une commission d’enquête. S’il se confirme que les autorités wallonnes ont dissimulé, en pleine connaissance de cause, un risque sanitaire majeur à des milliers de personnes pendant plusieurs années, il serait incompréhensibles que des sanctions sévères ne soient pas prises à l’égard des responsables.

 

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