L’agrandissement du centre commercial de Belle-Île serait une erreur

Le Conseil communal de la Ville de Liège est saisi ce mardi 26 mai de l’approbation du nouveau Plan communal d’aménagement (PCA) « du Canal de l’Ourthe », portant sur la zone d’entrée de ville comprise entre l’Ourthe et son canal, entre la Meuse et Chênée.

Parmi diverses options intéressantes dont nous nous réjouissons et que nous appuyons (l’extension des itinéraires cyclo-pédestres, la protection des zones vertes, la préparation de l’arrivée de la ligne de tram « Transurbaine » à Angleur, la création d’un noyau d’urbanisation autour de la gare d’Angleur, la possible ouverture d’un camping, etc), ce document urbanistique prévoit la possibilité d’une extension du centre commercial de Belle-Île — laquelle fait parallèlement l’objet d’une étude d’incidences sur l’environnement dont le lancement a eu lieu au mois de janvier dernier.

Au-delà des enjeux relatifs à la qualité du projet d’extension lui-même, qui seront débattus, le cas échant, dans le cadre d’une enquête publique, le principe même de cette extension nous semble problématique.

Nous prenons bonne note de la justification donnée par Madame l’échevin Maggy Yerna à l’appui de ce projet : selon elle, il s’agirait, en autorisant l’extension de centres commerciaux existants (hier le Cora, aujourd’hui Belle-Île, lequel demain ?), d’éviter que les centres commerciaux ne « dépérissent ». Cet argument ne nous semble fondé sur aucun argument sérieux. Si les propriétaires des centres commerciaux éprouvent le besoin de diversifier leur offre, ils peuvent profiter de la rotation des surfaces commerciales. Et il n’est pas nécessaire d’accroître la surface de ces immeubles pour les rénover si besoin. Il n’y a aucune fatalité à la fuite en avant dans laquelle sont lancés les gestionnaires de centres commerciaux.

Au demeurant, un recul du modèle de consommation pratiqué par les centres commerciaux au profit des commerces de quartier, de la vitalité du centre ville et des noyaux commerçants historiques, de modèles commerciaux alternatifs ou de systèmes de distribution en circuit court serait plutôt une bonne chose. Car, quoi qu’en dise Mme Yerna, il y a bel et bien concurrence entre les différents modèles, et l’augmentation conséquente des surfaces commerciales situées à proximité des noeuds autoroutiers, ces 15 dernières années, a fortement nuis au commerce de proximité et, plus généralement, à l’urbanité et à la convivialité de bon nombre de nos quartiers.

La concentration territoriale du commerce qui serait consécutive à un tel mouvement, signant notamment, dans un contexte de saturation commerciale de l’agglomération liégeoise, l’étiolement définitif sinon la disparition des petits noyaux commerçants historiques qui demeurent au coeur de certains quartiers péri-centraux ou périphériques, constituerait un recul à tous égards.

Ce dossier nous apparaît dès lors comme un test de crédibilité pour le discours supracommunal tenu par le bourgmestre de Liège. Willy Demeyer ne peut pas, en effet, demander aux autres bourgmestres d’appliquer un moratoire sur la construction de centres commerciaux (lequel n’est à ce stade qu’un voeu pieu, il est vrai) tout en laissant ceux-ci proliférer sur le territoire communal liégeois — fût-ce par la simple extension des sites existants.

 

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