Adopter une politique de stationnement

La Ville de Liège ne dispose pas à ce jour d’une politique du stationnement automobile digne de ce nom.

Nous proposons les mesures suivantes.

1. Réaliser un cadastre du stationnement. Avant d’envisager la construction de nouveaux parkings, il est nécessaire d’examiner dans quelle mesure il est éventuellement possible d’optimiser l’usage du stock actuel, en ce compris dans les (grands) parkings privés. Un cadastre du stationnement est donc indispensable, qui permettra de savoir très précisément où et à quels moments de la semaine d’éventuelles saturations des infrastructures existantes sont observées.

2. Mettre en place une signalétique intégrée. Défendue depuis longtemps par de nombreux acteurs du débat liégeois, la mise en place d’un système d’information en temps réel doit passer de la parole aux actes. Ce système, qui pourrait être décliné sur différents supports (panneaux digitaux aux entrées de la ville, applications pour smartphones, site web,...), permettrait d’orienter les automobilistes directement vers les parkings non saturés et donc d’éviter une partie de la congestion urbaine due aux automobilistes qui cherchent une place de stationnement.

3. Ne pas multiplier les cartes de riverains. Actuellement, chaque foyer liégeois situé dans une des zones concernées, peut disposer gratuitement de trois cartes de riverains. Nous proposons de limiter ce nombre à deux. La troisième carte resterait possible, mais serait payante, sauf cas particuliers. Dans le même temps, nous pensons nécessaire d’augmenter le nombre de places de stationnement réservées aux riverains (de même que celles réservées aux PMR) là où les besoins sont manifestes (une interface efficace de communication entre les riverains et la ville devrait sur ce point être envisagée).

4. Faciliter l’auto-partage. La pratique de l’auto-partage (« car sharing ») doit être soutenue. Elle réduit en effet significativement la dépendance à la voiture individuelle de ses utilisateurs (un déplacement devant être planifié, on recourt beaucoup moins à la voiture lorsqu’elle n’est pas nécessaire) mais aussi l’impact pour la collectivité (en réduisant le nombre de véhicules en circulation) ainsi que le coût pour l’usager. Cette pratique peut prendre différentes formes — système de mutualisation (Cambio), location ponctuelle, solidarités familiales ou de voisinage,... — et nécessite une attention particulière en matière de stationnement. Une possibilité serait de ne plus lier les cartes de riverains à une plaque minéralogique particulière. Ce qui permettrait par exemple à un utilisateur de Cambio ou d’un autre dispositif d’auto-partage de stationner, dans son quartier, sur les emplacements réservés aux riverains.

5. Remettre à plat le système de la « vignette ». La Ville de Liège propose, à qui le souhaite, une formule de stationnement en voirie particulièrement avantageuse : la « vignette », pour 500 EUR par an, donne droit au stationnement libre sur les emplacements situés en voirie. Même si son prix a été récemment augmenté, il reste à nos yeux beaucoup trop avantageux et constitue un obstacle sérieux à une modification des pratiques de mobilité.

6. Inciter les commerçants à traiter tous leurs clients sur un pied d’égalité. À ce jour, un certain nombre de commerces du centre-ville offrent, à partir d’un certain montant dépensé, une heure de parking « gratuit » à leurs clients. Par la force des choses, seuls les automobilistes bénéficient de ce rabais. Les autres clients, notamment ceux qui se déplacent en transports en commun, n’en bénéficient jamais. Nous proposons aux commerçants de donner le choix à leurs clients entre, par exemple, une heure de parking ou un ticket de bus. Dans le même ordre d’idées, il serait souhaitable que les commerçants qui contribuent à la mobilité de leurs clients fassent également un geste pour les cyclistes, en facilitant, là où c’est possible, le stationnement des vélos. Nous demandons aux autorités communales d’entreprendre une campagne de sensibilisation en ce sens.

7. Modifier la logique du règlement d’urbanisme. À l’heure actuelle, toute construction d’un bâtiment sur le territoire communal liégeois implique la construction d’un certain nombre de places de parking, en fonction de la surface bâtie. Conséquences de cette réglementation, on relève des situations absurdes, notamment celles de ménages ayant fait le choix de ne pas avoir de voiture qui, construisant une maison, se voient obligés de prévoir un garage... dont ils n’auront pas l’usage. Nous demandons en conséquence la suppression, dans le règlement communal d’urbanisme, des normes minimales en matière de stationnement (i.e. le droit de construire un immeuble totalement dépourvu de parking) et sa substitution par une règle calquée sur le modèle bruxellois (une norme de parking maximale variant en fonction de la desserte en transports en commun de la zone). Dans le même temps, nous demandons l’inscription dans ce règlement de l’obligation, dans tout immeuble neuf ou rénovation lourde, de prévoir des emplacements de rangement sécurisés pour les vélos, en nombre suffisant.

8. Faire disparaître progressivement les parkings en élévation. Le centre-ville de Liège compte un certain nombre de parkings en élévation (St-Denis, Magnette, Anneau d’Or, St-Paul, Neujean,...). Ces très encombrants équipements gaspillent à nos yeux du volume bâtissable qui pourrait être dévolu à d’autres fonctions et en particulier au logement, vis-à-vis duquel ils constituent une concurrence non acceptable. Nous demandons en conséquence le non-renouvellement, au fur à mesure de leurs expirations respectives, des permis d’exploitation accordés à ces parkings. S’il est nécessaire de construire du parking en ouvrage dans le centre-ville, qu’on le fasse en sous-sol. Ce point doit être lié à la question du « big bang », évoquée dans l’introduction, ainsi qu’à la question de la piétonisation (dont il est, à certains endroits, une condition).

9. Relativiser la pertinence des « parkings de dissuasion ». Les « parkings de dissuasion » (alias « parcs relais » ou « P+R ») sont régulièrement présentés comme la panacée pour résoudre les problèmes de mobilité urbaine. Notre avis est plus nuancé. Ces dispositifs présentent en effet deux inconvénients majeurs.
a) Pour être attractifs, du moins dans un contexte où l’offre au centre-ville reste importante, ces parkings sont souvent liés à une tarification particulièrement attractive (gratuité de stationnement et billet de transport en commun à prix cassé). Ceci pose un problème d’équité : pour quelle raison un habitant de Sclessin, de Rocourt ou d’Herstal devrait-il, par exemple, payer le prix plein pour se rendre en bus au centre-ville alors même que l’automobiliste venant garer sa voiture dans un parking situé à Sclessin, Rocourt ou Herstal bénéficierait quant à lui d’un tarif (très) avantageux ?
b) Ces parkings constituent une rude concurrence à l’égard des transports publics péri-urbains qui constituent pourtant le meilleur moyen de se rendre en ville en venant de l’extérieur. La construction de ces « P+R », par ailleurs plutôt coûteuse, doit donc être envisagée avec prudence, et en veillant à ce que la politique tarifaire ne soit pas discriminatoire pour les autres usagers des transports communs.

Ce texte est largement tiré de la position de l’asbl urbAgora.

Fiches liées : Agrandir le piétonnier.

 

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Les commentaires postés par les internautes


Adopter une politique de stationnement

Posté le 2 septembre 2012, par Julien Fastré

Il serait également intéressant de lutter contre le parking sauvage, à cheval sur le trottoir.

Nos trottoirs sont des endroits où la convivialité doit pouvoir se développer.

Des PMR et des mamans avec poussettes doivent pouvoir y circuler.

Le parking sur le trottoir met en péril notre environnement.

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Adopter une politique de stationnement

Posté le 17 septembre 2012, par dmas48

Les taxis sont une forme d’auto-partage d’un véhicule privé. La seule différence, c’est que le partage est celui de la voiture et du chauffeur. Le partage est donc accessible à des personnes qui n’ont pas ou plus de permis. Le partage est donc beaucoup plus général et beaucoup plus équitable. Ne serait-il pas judicieux de reconsidérer les taxis comme des voitures partagées, càd comme des transports en commun, ce qu’ils sont dans de très nombreux pays, où le lobby automobile, celui de l’acier ou celui du pétrole sont sans doute moins puissants qu’ici.

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