Développer la mission de prévention de la police

Dans notre société complexe en perpétuel mouvement qui voit nos modes de vie évoluer rapidement, la police a l’obligation de s’adapter pour garantir la bonne exécution de ses missions. En matière d’insécurité, les réponses institutionnelles se situent sur un axe prévention – répression dont le point d’équilibre est soumis à des forces elles aussi évolutives ; d’une manière générale, dans un contexte d’incertitude économique, de difficultés sociales, d’hypermédiatisation des faits divers violents et de droitisation de la politique fédérale, la tendance à la surenchère sécuritaire pousse la police vers davantage de répression… au détriment de la prévention.

L’insécurité réelle est une chose, le sentiment d’insécurité en est une autre. Le sentiment d’insécurité s’est accru dans la population ; il se trouve à la croisée de l’insécurité réelle et de l’insécurité subjective liée à des facteurs autres, tels l’effritement des liens sociaux, la précarité du travail ou l’aménagement urbain.

Le suréquipement des policiers, leur armement systématique, les patrouilles des véhicules du Peloton Anti Banditisme (PAB) dans les rues, certains uniformes, l’abandon des missions de police liées aux incivilités, l’évaluation basée sur le volume de verbalisation des infractions au détriment de l’information et de la pédagogie… ont éloigné les policiers des habitants et altéré les relations privilégiées qui doit exister entre une police et la population. Sur le terrain, le nombre des infractions et des délits reste sensiblement le même, à un niveau tel qu’il porte gravement atteinte au cadre et à la qualité de vie des Liégeois et des usagers de la ville. Cette politique est donc couteuse et inefficace.

Le Bourgmestre est le chef de la police administrative et préside le Conseil de la Police formé de tous les élus au Conseil communal. Si le cadre des missions est défini par le Ministère de l’Intérieur, la Ville est l’employeur des policiers locaux et, à ce titre, exerce diverses compétences, dont l’élaboration et la mise en œuvre du Plan zonal de sécurité. Le politique a le pouvoir mais aussi le devoir d’avoir des exigences envers le chef de corps et les officiers.

Le respect de la fonction constitue la meilleure protection des policiers  ; elle leur assure aussi de meilleures conditions de travail au contact des citoyens.

  • VEGA souhaite une revalorisation, au sein de la population autant que parmi les aspirants policiers, de toutes ces fonctions indispensables au bon fonctionnement de la cité  : visites dans les quartiers, stationnement, protection des usagers faibles, poursuite des incivilités... Le respect de la fonction et du cadre ne passe pas par plus d’autorité mais une meilleure accessibilité, une plus grande proximité, un réinvestissement dans les missions éducatives, formatives et de rappel à la norme.
  • VEGA souhaite replacer la prévention au cœur de l’action policière et privilégier une gestion négociée de l’espace public.
  • VEGA souhaite une police de proximité, au service de la population et accessible. Dans ce cadre, nous souhaitons questionner, avec les acteurs concernés, le port d’arme des policiers de quartier et des agents de police (anciennement : auxiliaires de police) et leurs uniformes en vue de faciliter des relations apaisantes.
  • VEGA demande le maintien du caractère public de toutes les missions de police, y compris la vidéosurveillance, la gestion du trafic…

VEGA identifie deux enjeux fondamentaux pour lesquels il propose plusieurs mesures.

Recrutement au sein de la zone de police :

Notoirement déficient et dans les faits exécuté par la seule hiérarchie policière, le politique doit réinvestir cette responsabilité au travers de la Commission de recrutement dont la composition dépend du chef de corps, afin de veiller au recrutement des meilleurs profils pour une police de proximité au service de la population. En faisant fi des résistances internes si nécessaire. La ville doit recruter les agents en fonction de ses priorités et exiger des policiers qu’ils présentent un passé exempt de toutes condamnations.

  • VEGA demande que cette Commission de recrutement locale intègre d’autres personnes que des policiers, dont des conseillers communaux, au fait de la réalité policière et des enjeux de la ville. Pour autant que la législation le permette.
  • VEGA demande que le Conseil de Police, qui prend la décision, passe d’un entérinement à une évaluation objective des candidats.

Formation initiale et continue :

La mission de service public et d’assistance à la population est au cœur du cursus des futurs policiers dont tous feront face, d’une manière ou d’une autre, à la réalité du terrain et à la diversité sociales des personnes. Or, notre police est avant tout une police d’intervention, en raison notamment de la formation des agents dans certaines écoles. Le contexte général conduit aussi à ce que le répressif prenne le pas sur le préventif et l’éducatif.

La formation des policiers est cruciale et doit viser avant tout le service au public. Si l’empathie et le respect des citoyens (et des manifestants) ne s’apprennent pas, elles s’entretiennent et se cultivent. La prévention doit aussi occuper toute la place qui lui revient dans le panel des possibilités d’interventions policières. La relation humaine doit être privilégiée et non accessoire par rapport aux nombreux équipements et à leur usage. L’accueil, la gestion de situations sociales difficiles, l’encadrement et la prise en charge de publics sensibles (personnes violentées et abusées, minorités, personnes en grande détresse sociale…)… doivent être des priorités de la formation. La culture du contact doit être au centre de toutes missions, pour faire des policiers et de la population des alliés.

  • Les formateurs des aspirants policiers étant au moins aussi importants que les formations, VEGA demande qu’ils soient évalués.
  • VEGA demande à ce que le conseil de police, « client des écoles de police », exerce un droit de regard sur la forme et la manière dont la formation est donnée (le fond étant défini par le pouvoir fédéral).
 

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