Rendre au CPAS les moyens de ses missions

La Ville de Liège compte plus de 10.000 bénéficiaires du Revenu d’Intégration Sociale (RIS et aides équivalentes). Ces six dernières années, leur nombre a augmenté de près de 20% et concerne aujourd’hui 5% de la population  ! Parmi eux, des centaines de jeunes, auxquels s’ajoutent de nombreux autres exclus de toute aide suite aux multiples exigences qui leur sont imposées, au principe qu’ils doivent assumer leur choix d’autonomie et leur désir d’indépendance.
Toute une série d’autres prestations sont proposées à ces personnes précarisée ou en grande difficulté : recherche d’un logement social, aide alimentaire, aide au payement de factures de soin de santé, service de médiation de dettes… Le CPAS de Liège a créé une cellule SDF pour s’occuper de cette catégorie de personnes parmi les plus fragilisés de notre société qui continue de croître, et donc aussi le travail du CPAS : le traitement des dossiers mais aussi leur complexité requièrent des ressources toujours plus importantes alors que dans les faits, le budget alloué au CPAS n’évolue pas en proportion.
Parmi d’autres, les assistants sociaux font face à une charge de travail qui les prive du temps nécessaire à la bonne exécution de leur mission de base, situation aggravée par les opérations de contrôle - et de sanction - des demandeurs et allocataires. La politique brutale d’exclusions des chômeurs, la dégressivité des allocations de chômage, la limitation dans le temps des allocations d’insertion... poussent de plus en plus de gens vers les CPAS.
Or, l’inscription et l’examen d’une demande d’octroi d’un RIS auprès du CPAS s’apparente parfois à un parcours du combattant. Soumis à des obligations toujours plus contraignantes et à des contrôles de plus en plus intrusifs, les personnes en droit de se faire aider doivent également surmonter le découragement (difficulté à joindre son assistant social au téléphone, délais légaux non respectés, renvoi d’un service à l’autre…). Quant au contrôle de la « disposition à travailler », condition d’octroi du revenu d’intégration, il mobilise des ressources et requiert des démarches difficilement réalisables par certaines catégories de demandeurs.
Les causes de cette paupérisation d’une partie croissante de la population sont à rechercher dans le modèle de développement et d’organisation de la société basé sur la performance individuelle et la concurrence, la spéculation et l’enrichissement personnel, sources de disparités, de dégradation des conditions de travail, de repli sur soi et d’exclusion alors que les mécanismes de solidarité entre les personnes et institutionnelle tendent à s’amenuiser. La lutte contre les chômeurs n’est qu’un des aspects d’une politique qui privilégie l’économique à l’humain, à l’opposé des valeurs d’entre-aide et de solidarité de VEGA.

VEGA propose une série de mesures concrètes à mettre en œuvre au CPAS de la Ville de Liège.

  • Évaluer rapidement la pertinence des documents réclamés aux demandeurs et allocataires sociaux en fonction des besoins réels, des alternatives à l’obtention de ces informations dont dispose l’administration elle-même et des diverses catégories de publics concernés, et adapter en conséquence les procédures.
  • Clarifier les exigences en matière de disposition à travailler et tenir compte des capacités réelles de la personne ainsi que de l’état réel de la pénurie d’emploi dans le bassin local.
  • Mettre fin à la pratique de cessations de paiement sans notification ni motivation préalable au bénéficiaire.
  • Rendre publiques certaines séances du Conseil de l’aide sociale lorsque sont débattues des questions de fond.
  • Faire du programme « article 60  » un véritable outil de qualification et de restauration de leurs pleins droits au travail des personnes et éviter de les employer, quand ce n’est pas les exploiter, dans des emplois subalternes, précaires et concurrentiels qui génèrent du dumping social et portent atteinte à la dignité des personnes et à leurs conditions de travail.
  • Adapter l’engagement de personnel social et administratif à l’évolution réelle de la quantité de travail en visant la qualité du service au citoyen et la rapidité de résolution de sa situation.
  • Créer un service d’aide à la recherche de logements.
  • Assurer la discrétion des entretiens entre les demandeurs et allocataires et les services du CPAS.
  • Rénover les salles d’attente des diverses implantations du CPAS et en faire des espaces accueillants et agréables.
  • Assurer la continuité du service de manière à favoriser la relation privilégiée établie entre les demandeurs et les employés du CPAS.
  • Coordonner l’accueil des bénéficiaires et éviter leur renvoi d’un service à l’autre en fonction de leurs statuts et de l’évolution de leurs dossiers.
  • Affirmer le rôle de soutien plutôt que de contrôle.
  • Garantir le traitement rapide des dossiers et respecter les délais d’examen des demandes, de prise de décision, de notification et de paiement
  • Conserver le CPAS au Centre-ville et favoriser l’accès aux autres implantations.

En toutes circonstances, la priorité doit être donnée et les moyens alloués à l’aide, aux projets d’intégration et à la participation sociale des personnes et non aux contrôles et aux sanctions. Pour cela, une condition sine qua non est de conserver l’indépendance du CPAS qui, en étroite collaboration avec la ville, vient en aide aux citoyens.

 

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