Des caméras peu regardantes dans la Cité ardente

LIÈGE L’opposition accuse la Ville de ne pas flouter les images des espaces privés

Temps de lecture: 3 min

Une personne assise à sa table de travail en train d’écrire un courrier personnel. Voilà une des images captées par le réseau de caméras de surveillance de la Ville de Liège et diffusée par la RTBF ce mardi. « Une preuve que la police de Liège ne respecte pas la vie privée lors de l’utilisation de ce réseau de 130 caméras disséminées dans la ville, accuse François Schreuer, conseiller communal Vega. La police est censée flouter les espaces privés, mais le système n’est pas au point et de nombreuses zones privées peuvent dès lors être visualisées par un des 35 opérateurs qui gèrent ce réseau 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 », tonne François Schreuer qui a décidé de saisir la commission du respect de la vie privée.

Le chef de zone de la police de Liège, Christian Beaupère, ne nie pas le problème. « Actuellement, nous n’arrivons pas à occulter via des caches numériques tous les espaces privés sans risquer d’avoir une image finalement inutilisable, explique-t-il. Par ailleurs, dans certains angles, il n’est pas nécessaire de flouter car il est techniquement impossible de voir ce qui se passe derrière la fenêtre. Aujourd’hui, nous sommes capables de réaliser 5 à 6 floutages par caméra et, demain, après nos nouvelles acquisitions, nous pourrons réaliser 30 floutages par caméra. » Pourtant, en 2003, on se rappelle que la police de Liège parlait, à propos de ses nouvelles acquisitions, d’un « système automatique d’ombrage ».

L’achat de nouvelles caméras et l’entretien du réseau actuel ont suscité la polémique au conseil communal ce lundi. « Je n’accepte pas que la Ville paie 1,12 million d’euros pour renouveler son réseau de caméras alors que les garanties du respect de la vie privée sont lacunaires », déclare François Schreuer.

Une débauche de dépenses

Ecolo et le PTB ont également voté contre ce marché. « Il faut arrêter ce train fou de dépenses pour un dispositif qui ne sert pas à grand-chose. Plusieurs études prouvent que les caméras provoquent le déplacement des comportements délictueux et ne diminuent pas les agressions », estime le conseiller Écolo Guy Krettels. « L’étape suivante c’est l’intégration, au sein du réseau de surveillance de la police, des caméras situées dans les commerces, déclare Raoul Hedebouw (PTB). Voulons-nous aller dans cette direction-là ? Pour le PTB, c’est non ! »

Pour Christian Beaupère, le « filtre » se situe au niveau des 35 agents assermentés qui ne peuvent pas tout visualiser a priori. « La loi nous interdit tout systématisme et, concernant les lieux privés, aucune image prise n’a de valeur si elle n’est pas motivée par un magistrat qui peut, par exemple, nous demander de surveiller une maison. Ainsi, par an, nous avons 5.000 demandes du parquet pour visualiser des images prises par le réseau de caméra dans le but d’élucider une affaire criminelle, poursuit le chef de corps. Et puis, il ne faut pas oublier que le réseau de caméras nous est chaque jour utile pour gérer la mobilité ou la centaine de manifestations qui sont organisées sur la voie publique chaque année à Liège. Enfin, grâce aux 16 nouvelles caméras installées dans le Carré, notre intervention est plus efficace. »

La carte mentionnant les emplacements des caméras peut être consultée sur https://blog.lesoir.be/docs/

 

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